Freud

Le rêve de la « petite faiseuse d’anges »

Ce rêve sert d’exemple dans l’un des paragraphes de rêves typiques, des rêves de mort concernant des personnes chères. Tout comme le rêves de nudité doivent être accompagnés de gène, ceux de mort concernant les personnes chères doivent être eux aussi accompagnés de chagrin voire de larmes. Le désir exprimé dans ces rêves est bel et bien un désir de mort à l’égard de ces personnes pourtant aimées. Avant de présenter au titre d’exemple ce rêve de la petite faiseuse d’anges, Freud consacre deux ou trois pages à décrire ce qu’il en est de la jalousie infantile à l’égard des frères et sœurs et déploie toute une argumentation pour convaincre ses lecteurs de la réalité de ces désir de mort. «  Bien des gens qui aujourd’hui aiment leurs frères et sœurs et se sentiraient dépossédés par leur disparition, portent à leur rencontre dans leur inconscient, depuis une période précoce, de méchants désirs qui arrivent à se réaliser dans les rêves.

Un rêve de Freud surpris en tenue négligée par une servante

Ce rêve introduit toute une catégorie de rêves typiques concernant la nudité. Il se trouve toujours dans le chapitre « Matériau et sources du rêve » p. 278. Il écrit : «  Un jour je me suis épuisé à essayer de comprendre ce que pouvait bien signifier la sensation d’immobilisation, l’impression de ne pas pouvoir bouger d’un pouce […] dont on rêve si fréquemment et qui est si proche de l’angoisse. La nuit suivante je fais le rêve suivant : je sors en tenue très incomplète d’un logement au rez-de-chaussée et passe par l’escalier à un étage supérieur. Je grimpe trois marches à chaque fois, heureux de pouvoir monter des escaliers aussi agilement. Soudain je vois qu’une servante descend les escaliers et vient donc à ma rencontre. J’ai honte, voudrais me hâter, et c’est alors qu’intervient cet état d’immobilisation, je reste collé aux marches et ne bouge pas d’un pouce ».

Rêve « Le pape est mort »

«  Le Pape est mort ». Tel est le contenu manifeste de ce rêve, son texte, son récit. Ce doit être le rêve le plus court de tous les rêves de son livre (dans le chapitre « les sources somatiques du rêve ». Freud mentionne qu’il n’a pas de contenu visuel, c’est donc dire qu’il n’est pas arrivé au figuratif et donc n’a pas pris la forme de rébus. C’est donc un drôle de rêve, et de plus il ne peut pas l’interpréter tout seul. C’est Martha qui lui en livre la solution : les cloches du petit village du Tyrol où ils sont en vacances ont sonné à toute volée au petit matin. Freud a rêvé que le Pape était mort pour se venger d’avoir été ainsi dérangé dans son sommeil. Il dit s’être vengé ainsi de ceux qui l’avaient ainsi incommodés, ces «  chrétiens » mais aussi peut-être en écho à cette scène…

De l’objet perdu à l’objet a

Du texte de Freud à celui de Lacan

En 1895, au retour d’un de leur « congrès », Freud envoyait à Fliess un document sans titre qui plus tard a été nommé « Esquisse d’une psychologie scientifique » . En prenant appui sur l’arc réflexe, le couple stimulus réponse, il tentait de décrire de façon cohérente, scientifique, la structure de l’appareil psychique et de rendre compte de son mode de fonctionnement.

Entre perception et conscience, « comme on dit entre cuir et chair », Freud décrit un système psy, qui est le lieu où sont stockées, emmagasinées les traces mnésiques de l’objet, celles qui permettront de le rechercher au moment où le petit sujet en proie à la faim, sous la pression du besoin, alertera par ses cris une personne secourable qui seule pourra procurer à l’enfant les moyens de l’apaiser.
C’est ainsi que l’enfant rencontre, sous la forme de cet être secourable, sa première Autre, son Etrangère.

Et nous nous apercevons alors que ce système Psy, qui n’est autre que ce Freud appellera l’Inconscient, est constitué tout d’abord des traces mnésiques d’une expérience, l’expérience de la satisfaction, donc des traces d’une heureuse rencontre avec l’objet et de ses coordonnées de plaisir, mais aussi d’une épreuve dite « épreuve de la souffrance » quand cet objet vous fait défaut ou que dans cette quête de l’objet, se produit une mauvaise rencontre.

Le rêve de Freud à cheval, alors qu’il souffre d’un furoncle très mal placé

Freud analyse ce rêve avec beaucoup d’humour. Il souffre depuis plusieurs jours de furoncles. Un de ces furoncles de la grosseur d’une pomme se situe à la base du scrotum. Il a tenté de calmer les douleurs en y mettant un gros cataplasme. Ces ingrédients d’origine somatique se retrouvent dans son rêve mais n’en sont pas la cause. C’est ce que Freud tente de démontrer. Il se trouve en effet dans le paragraphe «  Sources somatiques du rêve » et dans le grand chapitre «  Matériau et sources du rêve ».

Voici le début du texte de ce rêve : «  Je monte un cheval gris, intimidé et maladroit d’abord, comme si j’étais simplement posé dessus. Je rencontre alors un confrère P. magnifiquement juché sur sa monture en costume de loden et qui me signale quelque chose ( sans doute que ma position sur le cheval n’est pas bonne). Je me trouve maintenant de plus en plus à l’aise sur ce cheval extrêmement intelligent, mon assise est confortable et je me dis que je suis parfaitement chez-moi là-haut. En guise de selle j’ai une espèce de rembourrage qui comble parfaitement l’espace entre l’encolure et la croupe du cheval… »

Le rêve du comte de Thun

Je désespère de pouvoir faire un compte-rendu un peu cohérent de ce très long rêve, le rêve du comte de Thun, ce sera à chacun d’aller le relire en gardant quand même à l’esprit ce jeu de mot sur le nom propre du comte de Thun que souligne Freud :  Pour se moquer de lui, on l’appelait « le comte Rien-Faire », le comte Nichthun, or le verbe « Tun », « faire » introduit ainsi à la trame même du rêve, il s’agit en effet du « faire » lié à l’apprentissage de la propreté et à la demande de la mère. Comme l’écrivait Freud dans l’une de ses lettres à Fliess, tu n’as pas idée de tout ce qui pour moi, tel un nouveau Midas, se transforme en merde. Dans le cas de ce rêve, c’est aussi en flots d’urine. (p. 184 de « L’interprétation des rêves » PUF et p. 248 de la traduction Lefebvre)

A jamais entre O et O’, Dora et madame K.

Lacan précise bien que ce n’est que dans une référence au symbolique que le fonctionnement du schéma optique peut être assuré et pour le représenter  au cœur même du schéma, il pose le fait que le fonctionnement du miroir plan, son inclinaison plus ou moins grande, est commandée par la voix de l’Autre. D’ailleurs il nomme ce miroir plan qui répartit de part et d’autre de l’espace le moi et le petit autre, grand A. Mais avec cette voix de l’Autre ne peut être qu’introduit par ce qu’il trahit de façon énigmatique dans sa parole, ce qu’il en est de son désir.

Pour décrire ce qui se passe entre Dora et Madame K. mais aussi entre Dora et Freud, il simplifie le schéma. A la place du moi et du petit autre qui se situe de part et d’autre du miroir, il inscrit ces deux points O et O’. Entre o et o’ se passent deux mécanismes que Lacan nomme de deux termes, au reste emprunté à Freud,  » projection  » et  » introjection « . La projection va de O à O’, donc du moi au petit autre, tandis que l’introjection va dans le sens contraire de O’ à O, du petit autre au moi.

Sur les amours de transfert

Dans son texte « observations sur l’amour de transfert », écrit en 1915, Freud décrit les mésaventures qui peuvent arriver à un jeune analyste inexpérimenté lorsqu’il se trouve aux prises avec les flambées de l’amour de transfert, amour qui  est provoqué par la situation analytique elle-même.  Il indique donc comment s’y prendre avec cet événement inévitable mais pourtant difficile à gérer.

« Parmi toutes les situations qui se présentent, je n’en citerais qu’une particulièrement bien circonscrite, tant à cause de sa fréquence et de son importance réelle que par l’intérêt théorique qu’elle offre. Je veux parler du cas où une patiente, soit par de transparentes allusions, soit ouvertement fait comprendre au médecin que, comme toute n’importe simple mortelle, elle s’est éprise de son analyste. Cette situation comporte des côtés pénibles et comiques et des côtés sérieux… elle est si complexe, si inévitable, si difficile à liquider que son étude est depuis longtemps devenue une nécessité vitale pour la technique psychanalytique ».

Un rêve de Freud, rêve des knödel (Suite)

Les souvenirs heureux et malheureux de Freud mis en lien avec son rêve

Nous en sommes toujours au chapitre « Matériau et sources du rêve ». Ce rêve trouve place dans la longue liste d’exemples où il démontre que dans le contenu manifeste du rêve on trouve toujours une « allusion » à un souvenir d’enfance. Cette fois-ci avec ce rêve, il décrit plusieurs souvenirs, les uns récents, les autres beaucoup plus anciens, le plus important étant celui où sa mère lui enseignait la parole biblique à savoir qu’on n’est que poussière et qu’on doit retourner à la poussière, l’année de ses six ans.

Je rappelle ici, le texte du rêve : « Je vais dans une cuisine pour qu’on m’y donne un entremets sucré. Il y a là trois femmes, dont l’une est l’aubergiste, et roule quelque chose dans sa main comme si allait faire des knödel. Elle me répond qu’il faut attendre qu’elle ait fini (ces mots là ne sont pas très clairs). Je m’impatiente et je m’en vais vexé. J’enfile un pardessus ; mais le premier que j’essaie est trop long pour moi. Je l’enlève un peu surpris qu’il ait une garniture de fourrure. Un deuxième que je passe est garni d’une longue bande ornée d’un dessin turc. Arrive alors un inconnu à long visage et courte barbiche pointue qui m’empêche de passer en déclarant qu’il est à lui. Je lui montre alors qu’il est partout couvert de broderies turques. Il demande : en quoi ça vous regarde ces (dessins, bandes…) turcs. Après quoi nous sommes très aimables l’un envers l’autre. » ( p. 244, traduction J.P Lefebvre)

Un rêve de Freud alors qu’il est à la fois fatigué et affamé (rêve des knödel)

C’est un rêve de Freud, peut-être au moins aussi important que le rêve de l’injection faite à Irma, ou celui de la monographie botanique. Pour aucun de ces trois rêves, Freud ne nous livre le fin mot de leur interprétation, mais ils n’occupent pas du tout la même place dans l’ouvrage.

Les deux premiers étaient là pour démontrer que le rêve est la manifestation d’un désir refoulé, ce rêve des trois parques, comme tous les nombreux rêves de ce chapitre, a pour fonction de mettre en évidence le fait que dans le contenu manifeste du rêve il existe toujours une « allusion » à des souvenirs d’enfance .

Voici le texte du rêve : « Je vais dans une cuisine pour qu’on m’y donne un entremets sucré. Il y a là trois femmes, dont l’une est l’aubergiste, et roule quelque chose dans sa main comme si allait faire des knödel. Elle me répond qu’il faut attendre qu’elle ait fini (ces mots là ne sont pas très clairs). Je m’impatiente et je m’en vais vexé. J’enfile un pardessus ; mais le premier que j’essaie est trop long pour moi. Je l’enlève un peu surpris qu’il ait une garniture de fourrure. Un deuxième que je passe est garni d’une longue bande ornée d’un dessin turc. Arrive alors un inconnu à long visage et courte barbiche pointue qui m’empêche de passer en déclarant qu’il est à lui. Je lui montre alors qu’il est partout couvert de broderies turques. Il demande : en quoi ça vous regarde ces (dessins, bandes…) turcs. Après quoi nous sommes très aimables l’un envers l’autre. » ( p. 244, traduction J.P Lefebvre)

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