le point où Freud en est dans son approche de la névrose obsessionnelle en 1907

dscn2995Nous arrivons presque au bout de notre lecture plus que laborieuse de ce texte de l’homme aux rats dans les cinq psychanalyses. 
Ce dernier paragrahe a pour titre  » La vie instinctuelle et l’origine de la compulsion et du doute ». Là encore, c’est un texte à lire crayon à la main et il faudrait même en dessiner la structure qui en est très complexe, très ramifiée.Les grandes oppositions inconciliables : amour/haine, homme/femme, père/mère

Le dernier paragraphe de ce texte des cinq psychanalyses (p. 253) résume de fait le point où Freud en est dans son approche de la névrose obsessionnelle en 1907. La première approche est celle des neuropsychoses de défense, en 1898, une des dernières étant celle de 1920, avec l’au-delà du principe de plaisir et donc son élaboration de la pulsion de vie et pulsion de mort. Il y reprend en effet ce qu’il a déjà décrit de la névrose obsessionnelle en termes de « régression pulsionnelle, avec régression au stade sadique anal » mais surtout avec ce qu’il appelle « désintrication pulsionnelle », séparation précoce des pulsions de vie et de mort. Donc on peut lire ce dernier paragraphe des cinq psychanalyses concernant l’analyse de l’homme aux rats, comme étant une première ébauche de cette opposition pulsion de vie, pulsion de mort. Dans cet écrit il l’appelle opposition amour/haine. Mais il y a de fait toute une série d’oppositions qui différemment conjuguées rendent compte de la structure de la névrose obsessionnelle.
1 – l’opposition amour/haine
2- L’opposition homme/femme
3 – l’opposition père/mère
4 – l’opposition objet aimé/objet rival

Si on prend en compte chacune de ses oppositions on peut repérer celles mises en jeu dans les symptômes obsessionnels d’Ernst. Les oppositions les plus nettes étant : sa haine du père et son amour pour sa dame

Son amour pour son père et sa haine pour sa dame

Mais chaque opposition amour/haine doit être reprise entre son père et sa mère, entre sa dame et la jeune fille qu’il devait épouser, selon le désir de sa mère, entre sa dame encore est ses rivaux en amour, le cousin de Giséla, Dick, entre autres. Cependant Freud conclut ce paragraphe en précisant que ce qui était le plus profondément refoulé par Ernst, c’était la haine pour son père et c’était donc elle qui était la source essentielle de ses symptômes. C’est là que quelque chose manque encore à Freud dans son approche de la névrose obsessionnelle.
Ce qui manque c’est ce que plus tard, il appellera « l’Oedipe complet du sujet névrosé ».

C’est-à-dire le fait qu’il y a bien une identification au père comme objet rival et maintient dans le refoulement de l’amour pour la mère. Soit ce qu’on appelle l’Œdipe normal positif.
Mais il y a aussi une identification à la mère, comme étant un objet rival et donc un objet de haine, tandis que c’est l’amour pour le père qui est maintenu dans le refoulement. C’est ce qu’on appelle l’Œdipe inversé ou négatif.

C’est cet Œdipe inversé qui n’a pas été repéré par Freud et qu’il aurait pourtant pu déchiffrer notamment dans l’une des variantes de son fantasme fondamental celui que j’ai appelé « le fantasme des deux femmes gigognes ». Identifié à sa cousine, à sa dame, mais lové dans le corps d’une prostituée, il profitait ainsi de chaque coït de cette femme avec un homme. C’est un typique fantasme de retour au ventre maternel où on a ainsi l’occasion de rencontrer le pénis du père.

C’est une première approche de ce paragraphe. Il est vivement conseillé de le lire en même temps que ces chapitres des Essais de psychanalyse qui concernant les identifications et notamment celles qui achèvent la période oedipienne. Le chapitre où il parle de cet « oedipe complet » est celui intitulé « le moi et le Surmoi (Idéal du moi).

Le fantasme des deux femmes gigognes se trouve dans le journal d’une analyse p. 231, 233 tout au moins dans mon édition.

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