L’identification à sa mère de l’Homme aux loups

 

Nous commençons à travailler l’une des parties les plus importantes de ce texte de l’homme aux loups, sur la question du complexe de castration. Mais ça vaut la peine de progresser pas à pas et sans se hâter pour profiter à plein de tout ce que Freud y développe. C’est aussi dans ce texte que Lacan a fait cette trouvaille de la forclusion et se sera important de la replacer dans son juste contexte.

Nous en sommes donc à la page 230 du gardiner. C’est par une identification hystérique au symptôme de sa mère à partir de sa plainte (« Je ne peux plus vivre ainsi) que Sergei entre toutes voiles dehors dans les affres du complexe de castration, il y entre d’autant plus facilement que sa mère se plaint de saignements et que l’enfant les interprète comme provenant d’une blessure.

C’est ainsi que toute cette étude clinique du complexe de castration masculin commence par cette question « Que devait donc signifier l’identification avec la mère ?».

A partir de là, je pense qu’il faut suivre le texte absolument ligne à ligne parce que tous les mots comptent.

Il rappelle d’abord que l’incontinence anale de Sergei qui justifiait sa plainte « je ne peux plus vivre ainsi » avait eu lieu après son rêve d’angoisse qui avait réactivé le souvenir de la scène primitive et surtout lui avait indiqué dans un effet d’après-coup « quel était le rôle de la femme dans l’acte sexuel »

Il interprète donc à la lumière de cette scène primitive la plainte de sa mère ; D’une part, les troubles dont se plaignait sa mère étaient devenus des troubles intestinaux et non pas génitaux, d’autre part, il considérait « que sa mère était devenue malade par ce que son père avait fait avec elle, et son angoisse d’avoir du sang dans les selles, d’être malade comme sa mère, était le refus de s’identifier avec sa mère dans cette scène sexuelle, le même refus avec lequel il s’était réveillé du rêve. »

Il y a donc une interprétation de la scène primitive en termes de signifiants anaux. Le fait que Sergei considère que c’est son père qui a rendu sa mère malade ne peut qu’évoquer ce que disait Dora de son père, c’est lui aussi qui avait rendu malade sa mère en raison de sa vie dissolue : tout comme Dora, elle souffrait de ce que Freud nomme de façon poétique des « flueurs blanches », autrement dit des pertes blanches, des pertes vaginales.

Freud évoque alors l’angoisse de Sergei, angoisse liée me semble-t-il a son incontinence anale et à, sa plainte en tant qu’elle est le signe de cette identification à sa mère par rapport au père. C’est son père qui l’a rendu malade lui aussi car « il s’était mis à la place de sa mère, lui avait envié cette relation avec le père. »

Autre point important, s’il s’agit pour Sergei d’une identification hystérique au symptôme de l’Autre, au symptôme de sa mère, il doit y avoir une « conversion », un saut dans le corporel, et Freud nous indique donc que « L’organe où pouvait s’exprimer l’identification avec la femme, l’attitude homosexuelle passive envers l’homme était la zone anale. Les troubles de la fonction de cette zone avaient reçu la fonction de motions féminines de tendresse et les conservèrent aussi pendant la maladie ultérieure. »

Comme c’est difficile, je m’arrête là dans cette lecture pour l’instant, d’autant plus que Freud, à ce point de cette démonstration part dans une digression. Il faut remarquer, pour l’instant, que les mêmes motions féminines de tendresse s’étaient exprimées dans la langue de la phobie par l’intermédiaire de son rêve des loups, dans son désir de recevoir beaucoup de cadeaux du père, mais que ces mêmes motions s’expriment maintenant dans la langue de l’hystérie, sous forme d’autres cadeaux, en faisant dans son pantalon, des cadeaux de merde.

(Le tableau est de Matemma)

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