« A la céleste idole de mon âme… » La lettre d’amour d’Hamlet à Ophélie

 

 

 

Les rapports d’Hamlet avec Ophélie sont très complexes et évoluent suivant plusieurs temps dramatiques.

Avant la scène III de l’acte I, celle où  son père et son frère interdisent à Ophélie d’accepter les hommages d’Hamlet, on est sûr que les deux jeunes gens sont amoureux l’un de l’autre. Après cet interdit posé par le père, Hamlet lui adresse cette lettre d’adieu.

Ainsi on s’aperçoit qu’avant même sa rencontre avec le fantôme de son père, Ophélie est déjà devenue un objet perdu, un objet de deuil.

Cette lettre est lue au Roi et à la Reine par Polonius :

« A la céleste idole de mon âme, à la belle des belles, à Ophélia […] qu’elle garde ceci sur son magnifique sein blanc !

La reine – Quoi ! Ceci est adressé par Hamlet à Ophélia ?

Polonius – attendez ma bonne dame, je cite textuellement : Lisant :

Doute que les astres soient de flammes,

Doute que le soleil tourne,

Doute que la vérité soit la vérité,

Mais ne doute jamais de mon amour !

O Chère Ophélia, je suis mal à l’aise en ces vers : je n’ai point l’art d’aligner mes soupirs ; mais je t’aime bien ! Oh ! Par dessus tout. Crois-le ! Adieu ! 

 

Ainsi on peut dessiner ces rapports d’Hamlet avec Ophélie en quatre temps, le temps d’avant  cette tragédie, les deux jeunes gens sont amoureux l’un de l’autre et ont échangés des serments d’amour.

Après l’interdiction du père et du frère, Hamlet écrit à Ophélie cette lettre d’amour qui est en même temps une lettre d’adieu.

Ce n’est qu’après sa rencontre avec le fantôme de son père, rencontre au cours de laquelle son père l’informe du crime de son frère avec la complicité de sa femme, qu’Ophélie devient en tant que femme, une femme comme sa mère, un objet de dégoût et de répulsion.

 

Après la scène du cimetière, en concurrence avec Laerte, son frère, Ophélie reprend son statut d’objet aimé et perdu, perdu une seconde fois, non plus du fait de l’interdit de son père, mais du fait même de sa mort.

Liliane Fainsilber

 

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