« Les grands dons intellectuels des obsédés »

Freud les qualifie ainsi dans la note de la page 258 des Cinq psychanalyses, dans le texte qu’il consacre à l’analyse de l’Homme aux rats. Ces « grands dons intellectuels des obsédés » sont liés par lui d’une part à la fixation et la régression au stade sadique anal qui est associée au voyeurisme et à la curiosité sexuelle, d’autre part à la régression de l’acte à la pensée.
On renonce à l’acte au profit de la pensée.

Il faut suivre Freud dans les méandres de sa démonstration : « Là où les pulsions de curiosité sexuelle – le désir de voir des femmes nues d’Ernst Lanzer- prévalent dans la constitution des obsédés, la rumination mentale devient le symptôme principal de la névrose. » Ici on ne peut quand même s’empêcher de penser que ce symptôme doit pour le moins handicaper ces grands dons intellectuels du névrosé car on ne peut pas dire que la rumination soit productive dans le domaine de la pensée. Elle fait tourner en rond, pour ne pas dire en bourrique.

Mais quand même, c’est cela qui compte « Le processus même de pensée est sexualisé : le plaisir sexuel, se rapportant ordinairement au contenu de la pensée, est dirigé vers l’acte de penser et la satisfaction éprouvée en atteignant à un résultat cogitatif est perçue comme une satisfaction sexuelle ».  Je trouve intéressante cette fine description clinique de la prédisposition à la névrose obsessionnelle qui pourrait être également la description d’une prédisposition à la sublimation.
Quelle différence y a-t-il en effet entre les deux ? Je me risquerais bien à dire qu’il y a entre les deux, cette question même de la rumination. Autrement dit, ces processus de pensée érotisés seront-ils efficaces ou non, donneront-ils lieu à une création métaphorique, à une nouvelle idée, où tourneront-ils à vide, en vain ?

Le paragraphe suivant dans le texte de Freud, au milieu de la page 259, apporte peut-être un début de réponse à la question que je pose, prédisposition à la névrose obsessionnelle ou prédisposition à la sublimation. En effet un grand danger guette ces processus de pensée érotisés, ils n’ont pas le droit d’arriver à la conscience. Leur présence n’est pas le moins du monde souhaitée et ils vont être attaqués, désintégrés, rendus caduques : Ils vont en effet perdre leur portée et surtout devenir méconnaissables.
Voici ce qui leur arrive : « Ce qui réussit, sous forme d’obsession, à pénétrer dans le conscient avec une force excessive, doit alors être garanti contre les efforts de la pensée consciente qui tendent à le désagréger. Nous le savons déjà : cette défense s’effectue sous la forme d’une déformation. »  Cette déformation est assurée avant tout par une rupture des liens de cause à effet, par une généralisation, par l’usage de termes vagues et équivoques, par le déplacement de ce qui est important vers l’infime, le sans importance, le détail. Tous ces mécanismes visant à rendre la pensée inconsciente incompréhensible, indéchiffrable.
Elle prend alors l’aspect de « délires ». La grande obsession dite des rats selon laquelle il éprouvait la crainte que son père pourtant déjà mort depuis plusieurs années ainsi que sa dame ne subisse le supplice des rats, s’il ne rendait pas l’argent au Capitaine A., argent qu’il ne lui devait pourtant pas, est un bel exemple de ces « délires ». Dans ce supplice dit chinois, deux rats affamés étaient introduit de force dans l’anus du supplicié.  Nous arrivons à la dernière page de ce texte de l’Homme aux rats des cinq psychanalyses. Mais il y a encore plein de pistes à suivre au gré des remarques de Freud.

3 Comments

  1. Oui cet une regression à la curiosité sexuelle, une fixation.
    Une predisposition a sublimer ou être une personne obsessive.
    Mais, le neurotique qui soufle de la nevrose obsessionelle fa un retour à le ètage anal, mais il pouver acceder a la cure.
    Mais une personne avec un grande predisposition trouve la cure tres difficile.
    Serai, que le cas de les voyeurs sont obssedes sans le rumiation, et Pourquoi? si regarder une femme et toutes sont regardes?

  2. Mais qu’en est-il des obsédés sexuels ?? ?? pas forcément intelligents 🙂
    et qui ne renoncent pas à l’acte, bien au contraire…
    Ce ne seraient pas des obsessionnels ?

    • Fainsilber Reply

      Ce ne sont pas forcément des obsessionnels, par rapport à ce qu’on appelle « structure » en psychanalyse, Freud en a décrit trois, névrose, psychose et perversion. La névrose se divise en trois autres, phobie, hystérie et névrose obsessionnelle.
      Ce que vous décrivez semble correspondre à un passage à l’acte. Peut-être pensez-vous à l’acte supposé de DSK qui a défrayé si abondamment la chronique.

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