Freud

Le rêve de Brücke ou un beau fragment de la propre analyse de Freud

Le rêve de Brücke est en effet un beau fragment de la propre analyse de Freud où il manifeste son désir d’annihiler littéralement tous ses objets rivaux avec cette parole prononcée dans son rêve même : “ non vixit”

“ J’ai rêvé très nettement ceci : la nuit je me suis rendu au laboratoire de Brucke, et après qu’il a discrètement frappé à la porte [..] je fais entrer en compagnie de plusieurs inconnus, (feu) le professeur Fleisch […] Suit alors un deuxième rêve : mon ami Fliess est discrètement venu à Vienne en juillet ; je le rencontre dans la rue en, conversation avec (feu) mon ami Paneth et je me rends quelque part avec eux dans un endroit où ils sont assis face à face à une petite table, moi-même étant assis devant, du côté droit de la petite table. Fliess parle de sa sœur et dit : en trois quart d’heure elle était morte, puis quelque chose comme : c’est le seuil. Comme Paneth ne le comprend pas, Fliess se tourne vers moi et me demande combien de ses affaires j’ai communiquées à Paneth. Là dessus en proie à des affects étonnants, je veux informer Fliess de ce que Paneth ne peut bien sûr pas savoir puisqu’il n’est pas du tout en vie. Mais je dis alors, en remarquant moi-même l’erreur, non vixit. Je regarde alors Paneth avec insistance, sous mon regard, il devient livide, flou, ses yeux bleuissent pathologiquement – et pour finir il se désagrège. Ce qui me cause un plaisir inouï, comprenant maintenant que Ernest Fleisch lui aussi n’était qu’une apparition, un revenant et je trouve tout à fait possible que ce genre de personne n’existe qu’aussi longtemps qu’on le veut bien, et qu’on peut s’en débarrasser par le désir de voir quelqu’un d’autre”.

Mes vacances avec Jacques Lacan

Dans mon dernier podcast j’ai évoqué le livre de Jacques Roubaud, “Ma vie avec le docteur Lacan”. Or toute une collection sous ce titre existe chez Gallimard. On y trouve “Ma vie avec Proust”, “Ma vie avec Mauriac”, ou encore « Ma vie avec Stéphane Mallarmé”. Les auteurs y témoignent de leur étroit compagnonnage avec chacun des auteurs qu’ils ont choisi d’évoquer. Dans sa minuscule autobiographie, Jacques Roubaud, lui, en fait,  en apparence,  une sorte de pastiche ironique puisque il n’y décrit que trois ou quatre brèves rencontres. Mais ces rencontres bien que rares  furent pourtant décisives avec celui qui fut un si célèbre psychanalyste.

Mais il a aussi une autre collection de livres qui m’a bien plu, c’est celle d’Un été avec…. J’en ai lu quelques-uns, “Un été avec Montaigne”, avec Homère ou Victor Hugo ou encore “Un été avec la comtesse de Ségur”. Tous ces auteurs nous invitent, cette fois-ci, à partir en vacances avec eux en partageant leurs lectures.
Leur emboîtant le pas, j’ai donc choisi comme titre de mon podcast “ Un été avec Jacques Lacan” puisqu’il y est en effet question de vacances.

Rêves oedipiens

Sous cette dénomination, « rêves oedipiens », Freud camoufle lui-même ce qu’il décrit comme des rêves de rapports sexuels avec la mère. Ces rêves ne sont pas souvent transparents mais de fait camouflés.Nous en sommes à la page 440 de l’Interprétation du rêve ( J.P Lefèbvre)

Freud écrit “ Quand je souligne devant des patients la fréquence du rêve oedipien de rapport sexuel avec sa propre mère, on me répond ceci : je ne peux pas me souvenir d’un rêve pareil. Mais peu après remonte le souvenir d’un autre rêve, non reconnaissable et indifférent, qui s’est répété fréquemment chez la personne concernée et l’analyse montre que c’est là un rêve de même contenu, à savoir un rêve oedipien.”

Rêve de la petite maisonnette entre deux grands palais

Ce chapitre intitulé “le travail du rêve” est quasiment interminable. Nous en sommes p.439:440. En essayant d’avancer dans tout un maquis d’exemples de rêves dits typiques, avec parmi eux, outre les rêves à stimulus dentaire, des rêves de chute et de vol, ou de nage, j’ai isolé un joli petit rêve qui paraît anodin et qui exprime l’intense frustration pulsionnelle de l’analysant à l’égard de sa femme.
Freud l’utilise donc pour rappeler à nouveau que les rêves une fois analysés expriment toujours des désirs sexuels mais à la suite de ce rêve, il semblerait même que Freud avance qu’ils expriment de plus toujours des désirs oedipiens.
Voici le texte de ce rêve et la façon dont Freud l’introduit : “ Que les rêves, à première vue évidemment innocents incarnent de grossiers désirs érotiques est une thèse que nous avons déjà posée en d’autres lieux et que nous pourrions durcir par de nombreux nouveaux exemples. Mais il y a aussi beaucoup de rêves d’apparence indifférente, chez lesquels dans aucune direction, on ne remarquerait quoique ce soit de spécial, et qui, après analyse, de manière inattendue, se ramènent souvent à des mouvements désirants incontestablement sexuels.

“ Le rêveur raconte : “ entre deux palais imposants se dresse un peu en retrait une petite maisonnette dont les portes d’entrée sont fermées. Ma femme me conduit sur le bout de chemin qui va de la rue à la maisonnette, pousse la porte, et je me faufile alors rapidement et sans difficulté à l’intérieur d’une cour en pente qui monte en biais.

Du bon usage du désir de guérir

je vous rappellerai plutôt l’importance des fantasmes de sauvetages de l’analysant et de l’analyste pour la psychanalyse. J’ai essayé de vous montrer en quoi ils étaient nécessaires, pour le travail que poursuit l’analysant mais surtout par rapport au terme de l’analyse mais ils sont également très utiles, en tant que fantasmes de grossesse du psychanalyste, pour mettre en quelque sorte en acte, les successives réinventions de la psychanalyse par chaque psychanalyste ou encore pour cerner au plus juste ce qu’il en est de la formation du psychanalyste.

“Rêves à stimulus dentaires” 

Deux rêves du même analysant introduisent toutes les questions que Freud se pose à leur sujet.“ Lors d’une représentation de Fidelio à l’opéra, il se trouve à l’orchestre à côté de L., une personnalité qui lui est sympathique, dont il aimerait gagner l’amitié. Tout à coup, il s’envole en biais au dessus de l’orchestre, qu’il traverse jusqu’au bout, se met la main dans la bouche et s’extrait deux dents.”
Une citation extraite d’un poème de Schiller sert d’interprétation à ce rêve “ Qui a réussi le coup gagnant d’être l’ami d’un ami”. Il s’agit en effet, nous dit Freud, dont l’homosexualité est très forte mais aussi très inhibée.
Le second rêve le confirme :
“ Deux professeurs d’université connus de lui le traitent à ma place. L’un d’eux fait quelque chose à son membre ; il est angoissé à l’idée d’une opération. L’autre frappe avec une barre de fer sur sa bouche, si bien qu’il perd deux dents. on l’attache avec quatre foulards de soie.”
Les foulards de soie correspondent à une identification à un homosexuel et se représente les rapports sexuels “ sur le modèle de l’onanisme pubertaire”.

Le récit du rêve de Bismarck avec sa cravache qui s’allonge à l’infini

Nous en sommes encore à travailler les rêves démontrant le rôle de la symbolique dans le rêve. Nous avons exploré ce rêve de la fiancée déçue (son mariage avait été retardé). C’était un rêve de nuit de noces, à la fois un rêve de défloration et de fécondation.
Il s’agissait donc de la manifestation du désir sexuel, au féminin.Avec ce rêve de Bismarck il s’agit donc du désir masculin avec un beau symbole celui de la cravache qui s’allonge à l’infini et qui comme par miracle lève tous les obstacles. nous en sommes donc p. 419. Le titre du paragraphe étant intitulé “ Un rêve de Bismarck”.

Un rêve de défloration

En relisant ce rêve d’une jeune fille en fleur, je me disais que Lacan n’avait pas raison lorsque il disait que Freud n’avait pas compris grand chose à ce qu’on appelle la nature féminine,   bien que modeste, je trouve qu’il ne se débrouillait pas si mal que ça avec elles. Ce rêve fait toujours partie de ce chapitre sur la Symbolique du rêve. Il se trouve p. 415 de l’édition de J.P. Lefèbvre.

Plus le texte du rêve est court, plus sont abondantes les associations du rêve et également les différentes interprétations possibles puisque le rêve tout comme le symptôme est surdéterminé. Ce rêve de défloration en est un exemple. je trouve aussi qu’il illustre aussi ce que Freud appelle “la langue du rêve”. Dans ce cas, il se dit avec des fleurs, plein de fleurs. Mais ce n’est pas une exception, dans son ouvrage, il y a d’autres exemples, il y a la monographie botanique avec ces cyclamens et la fleur préférée de Freud, la fleur d’artichaut, il y a aussi la branche de lys et de camélias d’une autre analysant de Freud, et, en les recherchant, on peut peut-être en trouver d’autres. Par exemple, les fleurs de pissenlit, dans l’un des rêves de Freud.

Voici le texte du rêve qui est en anglais :“ I arrange the centre of a table with flowers for a birthday”
“Je mets des fleurs au milieu d’une table pour un anniversaire”.

Freud se propose si on peut dire à lui-même, grâce à la symbolique, un premier niveau d’interprétation. Il nous indique en effet à quelle occasion, elle fait ce rêve, ses projets de mariage ont été repoussés à plus tard. Dans son rêve, ses désir de mariage et d’enfants se sont déjà réalisés, elle prépare un anniversaire, celui de son enfant, ou de son mariage.

Le rêve des deux poires de l’empereur ( Kaiserbine)

Ce rêve se trouve p. 413. J’ai un peu perdu le fil pour savoir comment il s’inscrit dans la démonstration de Freud, Enfin, il fait au moins partie du grand chapitre “ Travail du rêve”  Il est décrit par Freud pour illustrer la rubrique sous lequel il figure “ Sentiment de réalité et figuration de la répétition”.Là encore c’est une psychanalyse en miniature que Freud décrit en quelques phrases. Cet analysant, âgé de 35 ans raconte un rêve qu’il avait fait à l’âge de 4 ans. C’est le notaire, celui qui s’était occupé du testament du père qui lui avait apporté ces deux poires, les poires de l’empereur. il avait perdu son père quand il avait trois ans.
Le texte du rêve est donc :
“ Le notaire chez qui était déposé le testament du père apportait deux grosses poires impériales et lui en donnait une à manger. L’autre était sur l’appui de la fenêtre dans la salle de séjour. Il se réveillait convaincu de la réalité de ce qu’il avait rêvé et réclamait obstinément à sa mère la seconde poire, prétendant qu’elle était sur l’appui de la fenêtre. Ce qui avait fait rire sa mère”.

Le rêve d’une femme du peuple

Ce rêve d’une femme du peuple dont le mari est agent de police figure p. 407 de l’ouvrage version J.P Lefebvre.  Il figure à titre d’exemple de symbolisme, celui où l’organe masculin est symbolisé par des personnages ( trois) le policier flanqué de deux gredins et l’organe féminin comme un beau paysage arboré.  Voici le texte de ce rêve : “ … et qu’alors quelqu’un était entré pas effraction dans l’habitation et qu’elle avait eu très peur et appelé un agent. Mais que celui-ci s’était rendu en compagnie pacifique de deux pélerins avec qui il était d’accord dans une église où l’on montait par plusieurs marches ; que derrière l’église il y avait une montagne et tout en haut une épaisse forêt […] Que devant l’église un chemin menait à la montagne. Que celle-ci des deux côtés, était couverte d’herbe et de broussailles de plus en plus épaisses, qui se transformaient en haut de la montagne en une épaisse forêt.” 

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