C’est dans cet ouvrage, « Les carnets de Malte laurrids Brigge », que se trouve cette célèbre phrase de Rilke selon laquelle chacun porte en lui-même sa propre mort, comme le fruit, son noyau. Dans ces carnets, c’est l’angoisse qui y règne en maître, l’angoisse de mort. En relisant cet ouvrage, je pensais sans cesse au grand texte de Freud qu’il a consacré aux crises d’angoisse de mort de Dostoïevski, sous ce titre « Dostoïveski et le parricide ». C’est en effet en pensant aux « attaques de mort » du poète russe, que j’ai commencé à repérer, dans le texte de Rilke, qu’il y décrivait certes ses crises d’angoisse, dont les plus anciennes, celles qui remontaient à l’enfance, mais qu’il y décrivait aussi plusieurs agonies et surtout, les plus marquantes, celles de son père et de son grand-père, qui laissent deviner que ce n’est pas toujours de sa propre mort dont il s’agirait pour lui, mais plutôt de celle des autres.
Ainsi dès les premières pages, le grand morceau de littérature de ce roman de Rilke a pour thème la mort de son grand-père. Il agonise pendant des semaines dans la grande maison familiale entouré de toute sa famille et de très nombreux serviteurs et des chiens également.



