Les axiomes de la formation du symptôme pour Freud et pour Lacan

Comme Vanessa Brassier a fait une lecture très rigoureuse de ces deux chapitres II et III d’Inhibition, symptôme et Angoisse,  cela me laisse toute liberté de vagabonder autour de ce texte (je n’ai pas lu plus de trois pages, 7, 8, 9).

Ceci dit je préfère, avant de trop vagabonder,  partir de cette rigoureuse définition que Freud donne du symptôme et qu’il faudrait presque apprendre par cœur :

1 – « Le symptôme serait le signe et le substitut d’une satisfaction qui n’a pas eu lieu ». J’ai envie de mettre cette définition en écho avec ce que Lacan avait nommé comme étant « la jouissance fourrée du symptôme » avec tous les sens que peut prendre ces mots de « fourrer » et de « fourreau ».  Elle s’est fourrée dans les beaux draps du refoulement. (dans le séminaire L’angoisse)

2 – « Le symptôme est le résultat du refoulement ».

3 – « Le refoulement vient du moi qui refuse, éventuellement sur l’ordre du surmoi, de coopérer à un investissement pulsionnel qui a pris naissance dans le ça ».

4 – « Le moi, par le refoulement,  empêche la représentation refoulée de parvenir à la conscience ».

5 – L’expérience démontre que « cette représentation s’est maintenue sous les espèces d’une formation inconsciente ».

De ces cinq axiomes posés qui définissent le symptôme on s’aperçoit vite qu’il y manque quelque chose d’essentiel, ce que devient cette formation inconsciente, qui ne va certainement par se tenir tranquille, à l’état quiescent. De fait, à cette définition du symptôme,  il manque un sixième axiome,  le fait que le symptôme en tant que résultat du refoulement ne peut qu’insister pour faire retour à la conscience, retour du refoulé. Comme on dit chassez le naturel, il revient au galop. Celui qui revient ainsi au galop, c’est justement le symptôme. Freud le décrira plus loin dans son texte.

L’autre question soulevée est ce qu’il appelle le signal  du déplaisir qui déclanche le procès du refoulement.

Dans sa première hypothèse, c’était l’affect détaché de la représentation refoulée qui se transformait en angoisse. Dans cette seconde, cet affect vient d’ailleurs et surtout d’un autre temps, le temps du trauma : « l’angoisse n’est pas produite, lors du refoulement, comme une manifestation nouvelle chaque fois, mais reproduit sous forme d’état d’affect une trace mnésique préexistante. »

 

La trace mnésique c’est un signifiant. Dans l’un de ses messages, David évoquait l’autre jour, à propos de l’Homme aux loups, la « pragung », l’empreinte ou la frappe de la scène primitive. C’est cela le signifiant du trauma.

Dans son rêve,  l’Homme aux loups exprimait, à la veille de Noël qui était en même temps le jour de son anniversaire,  son désir de recevoir beaucoup d’enfants/cadeaux, ces signifiants ont évoqués pour lui ce qu’il en était de la scène primitive et donc des risques de castration que cela impliquait.

 

On pourrait inscrire sur le graphe sur la ligne du complexe de castration au niveau du signifiant de grand A barré, la « Pragung », la marque de la scène primitive, un coït a tergo trois fois répété, au niveau du fantasme, son désir d’avoir des enfants du père, et au niveau de l’imaginaire, entre le moi et le petit autre, l’apparition du signal de l’angoisse qui a provoqué le réveil ainsi que ses cris. On conçoit mieux en le présentifiant sur le graphe pourquoi l’angoisse au titre de signal surgit au niveau de l’image du petit autre. C’est en raison de sa correspondance avec le fantasme inconscient.

 

 

A ce propos, comme nous en sommes à la question de la définition du symptôme, je voudrais rappeler ce beau passage de Lacan qui inaugure son texte sur « La signification du phallus ».

« On sait que le complexe de castration inconscient a une fonction de nœud :

1° dans la structuration dynamique des symptômes au sens analytique du terme, nous voulons dire de ce qui est analysable dans les névroses, les perversions et les psychoses ;

2° dans une régulation du développement qui donne sa ratio à ce premier rôle à savoir l’installation dans le sujet d’une position inconsciente sans laquelle il ne saurait s’identifier au type idéal de son sexe, ni même répondre sans de graves aléas aux besoins de son partenaire. »

Si nous nous éloignons beaucoup de ce contexte celui d’Inhibition, symptôme, angoisse, pour évoquer les dernières élaborations de Lacan sur le fait qu’une femme est pour tout homme un symptôme, et que pour elle, c’est pire encore, l’homme est un ravage, un vrai cataclysme, est-ce que ces définitions freudienne et lacanienne du symptôme ne nous donnent pas déjà une idée de ce en quoi elles sont justes, si on les centre bien sur les liens du symptôme au complexe de castration.

 Liliane Fainsilber

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