« la belle gorge » de la poésie et le corset de la structure

Je voulais écrire quelque chose sur la poésie de Mallarmé, et en lisant quelques uns de ses textes, j’ai trouvé ce passage amusant : C’est un petit paragraphe à propos d’une question qu’on pose à Mallarmé : « Connaissez-vous les psychologues ? – Un peu. Il me semble qu’après les grandes oeuvres de Flaubert, des Goncourt et de Zola, qui sont des sortes de poèmes, on est revenu aujourd’hui au vieux goût français du siècle dernier, beaucoup plus humble et modeste qui consiste non à prendre à la peinture ses moyens pour montrer la forme extérieure des choses, mais à disséquer les motifs de l’âme humaine. Mais il y a entre cela et la poésie, la même différence qu’il y a entre un corset et une belle gorge… »

L’évocation de la métapsychologie, de  la « fée métapsychologie », comme corset semble un peu rude et dépourvue en effet de poésie, par rapport à la blancheur nuageuse des seins d’une femme, mais quand même ce corset, condition d’une belle gorge, ne fait-il pas écho avec la notion si importante dans le travail de l’analyste, celle de la structure ? Certes affirmer « l’inconscient est structuré comme un langage » semble, au premier abord, ne pas pouvoir nous faire rêver, mais est-ce si sûr ?

Le corset de la structure est condition de la belle gorge de la poésie, tout comme de celle des symptômes et ce n’est sans doute pas pour rien que Mallarmé évoque ainsi comme source première de la poésie, ce sein « ce sein que je ne saurais voir », ni surtout posséder à nouveau, celui de la mère. Ainsi ces vers, dans le Don du poème  :

« Et ta voix rappelant viole et clavecin,
Avec le doigt fané presseras-tu le sein
Par qui coule en blancheur sibylline la femme
Pour des lèvres que l’air du vierge azur affame ? »

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