Le Petit Hans, objet d’étude de son père, en relation avec le désir de Freud

cheval

Mon impression était juste : l’apparition de la phobie du Petit Hans, sa peur d’être mordu par un cheval, vient en second après l’étude attentive voire intrusive que fait le père de sa sexualité infantile et surtout de sa curiosité sexuelle à propos du « Fait-pipi ». Il a fait de son propre enfant un objet d’études, un objet qu’il partage avec Freud.

Le père se demande à quoi est due la survenue de sa phobie mais au lieu de se poser la question de sa propre responsabilité, il la met d’emblée sur le dos de la mère : c’est de sa faute.

« Je vous adresse encore quelque chose touchant Hans – hélas cette fois-ci c’est une contribution à l’histoire d’un cas. Comme vous l’allez voir, se sont manifestés chez lui, ces derniers jours, des troubles nerveux qui nous inquiètent beaucoup ma femme et moi, car nous n’avons pu trouver aucun moyen de les dissiper […] Sans doute le terrain a-t-il été préparé par une trop grande excitation sexuelle due à la tendresse de sa mère, mais la cause immédiate des troubles, je ne saurais l’indiquer. La peur d’être mordu dans la rue par un grand cheval semble être en rapport d’une façon quelconque avec le fait d’être effrayé par un grand pénis – il de bonne heure, ainsi que nous le savons par une observation antérieure, remarqué le grand pénis des chevaux et il en avait alors tiré la conclusion que sa mère parce qu’elle était si grande, devait avoir un fait-pipi comme un cheval ».

 Ce que le père du petit Hans omet de rappeler, à ce propos, c’est le fait que lorsque le Petit Hans avait demandé à sa mère si elle aussi avait un fait-pipi, elle avait répondu avec beaucoup d’aplomb, que oui, bien sûr, elle en avait un.

 Mais dans le premier chapitre de ce texte, on voit bien se dessiner ce qu’il en est du désir de Freud et du désir du père dans la genèse de cette phobie : « J’ai exposé ces hypothèses dans les trois essais sur la théorie de la sexualité ; je sais qu’elles semblent aussi surprenantes à un profane qu’irréfutables à un psychanalyste. Mais même le psychanalyste peut avouer le désir d’une démonstration plus directe, obtenue par des chemins plus courts, de ces propositions fondamentales. Serait-il donc impossible d’observer directment chez l’enfant, dans toute leur fraicheur vivante, ces impulsions sexuelles et ces formations édifiées par le désir, que nous défouissons chez l’adulte, avec tant de peine, de leurs propres décombres […] C’est dans ce but que, depuis des années, j’incite mes élèves et mes amis à recueillir des observations sur la vie sexuelle des enfants […] Parmi le matériel qui, par la suite de ces requêtes, vint entre mes mains, es rapports que je recevais, à intervalles réguliers, sur le Petit Hans , acquirent bientôt une place prépondérante. »

 Pour répondre au désir de Freud au travers du désir de son père est-ce que le Petit Hans ne leur a pas offert une magnifique démonstration de ce qu’est une phobie ? A ce propos je ne peux pas m’empêcher de rapprocher ce fragment d’histoire de la psychanalyse, d’un autre fragment, celui de la procédure dite de la Passe cette fois-ci mise en place en fonction du désir de Lacan. Il me semble qu’on ne s’est jamais trop posé la question de ce que ça devait impliquer pour les analysants qui s’y soumettaient, qui se soumettaient à un tel désir. Le verbe «soumettre» qui m’est venu à l’idée à ce sujet est en tout cas pour moi, réponse à cette question. Il est antinomique avec ce qui devrait être attendu sinon obtenu de la fin d’une analyse.

 

 

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