Freud

Le pouvoir des « Imagos »; Notes de lecture des premiers textes de Lacan psychanalyste

Si Freud a inventé la psychanalyse par la voie de l’hystérie, Lacan a choisi les chemins de la psychose, accompagné par des femmes folles et criminelles. Parmi elles, sont devenues célèbres, Aimée, l’héroïne de sa thèse (1), et les deux sœurs Papin, Christine et Léa (2).

Si sa thèse, datée de 1930, constitue un témoignage du Lacan psychiatre, celui du Lacan psychanalyste n’a pas été conservé. En effet, en 1936, au congrès de Marienbad, il présente, comme première contribution aux réinventions de la psychanalyse, une étude sur le « Stade du miroir » mais aucune trace n’est restée de cette première intervention (3). Il y met en avant « l’imago du corps morcelé » et « l’imago du corps propre », reprenant ainsi un concept déjà en usage dans le milieu analytique mais en lui donnant une nouvelle portée.

Pérégrinations autour du Vorstellungsrepraësentanz

Mes périgrinations autour de ce Vorstellungsrepraësantanz, traduit en français par Représentant de la représentation, sont parties d’un passage de Lacan dans le séminaire du désir et de son interprétation, où il analyse le rêve dit du père mort et qui ne le savait pas ainsi que le rêve de la petite Anna Freud.  Il pose ce terme comme strictemement équivalent au signifiant.

Les différentes versions du rêve des loups tout au long de ses années d’analyse

 

Le rêve d’enfance

 

« J’ai rêvé qu’il fait nuit et que je suis couché dans mon lit (les pieds de mon lit étaient tournés vers la fenêtre, devant la fenêtre se trouvait une rangée de vieux noyers. Je sais que c’était l’hiver, quand je rêvais et la nuit). Tout à coup la fenêtre s’ouvre d’elle-même, et je vois avec une grande frayeur que sur le grand noyer devant la fenêtre quelques loups blancs sont assis. Il y en avait six ou sept. Les loups étaient tout blancs et avaient plutôt l’air de renards ou de chiens de berger, car ils avaient de grandes queues comme les renards, et leurs oreilles étaient dressées comme chez les chiens, quand ils font attention à quelque chose. Dans une grande angoisse, manifestement, d’être mangé par les loups, je criai et me réveillai. » p.190.

Fantasme, symptôme et Idéal du moi sur le graphe du désir

J’ai repensé ce matin à cette question du fantasme et à ce qu’il devient au cours de l’analyse. il y a un texte qui me sert toujours de référence et que je trouve absolument magnifique pour sa grand rigueur logique, c’est le texte de Freud « Les fantasmes hystériques dans leur rapport à la bisexualité ».  Ces fantasmes sont toujours des fantasmes inconscients et on ne peut les retrouver qu’une fois les symptômes interprétés. Cela c’est le premier point. Mais d’autre part ces symptômes participent à la formation de l’Idéal du moi à la sortie de l’œdipe. Exemple c’est en toussant comme son père que Dora s’identifie à lui (ce faisant ce n’est pas à sa mère qu’elle s’identifie)

Le deuil du phallus au moment du « déclin de l’Œdipe »

Je cherchais comment reprendre cette série de rêves de castration tels que les organise ensemble Ruth Mack Brunswick (pages 290 à 294) et je suis tombée sur une séance du séminaire le désir et son interprétation qui peut nous servir de nouvelle grille, séance du 29 avril 1959 : Il s’agit de  ce que Lacan appelle « deuil de l’objet » qui est deuil du phallus et qui marque en tant que tel ce qui est nommé par Freud « déclin de l’Œdipe » ou encore sa sortie.

Rêves de castration et une nouvelle édition, une réactualisation, du rêve des loups dans son analyse avec Ruth

Sur  trois ou quatre pages, pages 290 à 294, Ruth Mack Brunswick rapporte toute une série de rêves décisifs pour cette analyse. Ils s’enchaînent les uns avec les autres et il devient difficile d’en rendre compte en raison de l’abondance du matériel. Je tente d’abord de les présenter ensemble avec la façon dont ils s’articulent l’un par rapport à l’autre et je les reprendrais  ensuite un par un.

Les trois rêves après le coup de massue de Ruth

 

Nous en sommes pages 290 et 291 du gardiner,  dans le chapitre « le cours de l’analyse actuelle ». Ruth l’avoue en toute sérénité « … ma technique consista à détruire par tous les moyens cette idée du patient qu’il fut le fils préféré de Freud, car il était évident que grâce à cette idée il se mettait à l’abri de sentiments d’un toute autre nature. Je lui fis toucher du doigt sa position réelle par rapport à Freud et l’absence totale (ce que je savais par Freud lui-même être la vérité) de tous rapports sociaux et personnels entre eux. »

Une des lettres à Nathanaël (extrait de mon livre paru chez L’Harmattan)

Un de mes amis, Nouredine Boukhsibi,  a traduit en arabe cette lettre extraite de mon livre « Lettres à Nathanaël ; une invitation à la psychanalyse », paru chez L’Harmattan en octobre 2005. Elle a été publiée dans une revue électronique. Je mets ici sa version en français.

 Lettre 20 – A chacune son symptôme

 juillet 2002

Cher Nathanaël, dans ma dernière lettre, je t’ai décrit les amours embaumées de l’obsessionnel, mais les femmes rencontrent, elles aussi, des difficultés sur les chemins d’accès à leur féminité. Elles aussi font des détours par des identifications à l’autre sexe.

Enfin la haine du père se dévoile sous le masque de l’amour

Dans « le cours de l’analyse actuelle »,  p. 287, il y est de bout en bout question d’argent, des subsides donnés par la communauté analytique, puisque Freud faisait une collecte, en faveur de l’Homme aux loups, le fait que ce dernier avait caché à Freud le capital qu’il possédait sous la forme de ses bijoux, les consultations avec les dermatologues et les médecins qu’il payait ou qu’il ne payait pas. Ce point étant lié par lui, comme dans l’histoire de Dora à la puissance virile. Il s’agissait d’en avoir ou pas.

D’Hamlet à Timon d’Athènes, l’aversion de la sexualité

 

Dans l’interprétation des rêves, Freud évoque pour la première fois la tragédie d’Hamlet en la comparant à celle d’Œdipe Roi (p.230). Il souligne le fait qu’entre les deux tragédies le travail de refoulement a eu lieu. Dans Hamlet on ne retrouve plus comme traces de ces  désirs oedipiens que les scrupules de conscience du héros et son impossibilité d’agir. Freud le qualifie d’hystérique ce qui en soit est quand même surprenant puisqu’on ne trouve pas chez lui trace de ce que Freud a qualifié de saut dans le corporel qui caractérise la névrose hystérique mais sans doute Freud a-t-il retenu cette troisième forme d’identification qu’il a décrite, l’identification hystérique au désir de l’Autre,  en tant qu’ Hamlet s’était identifié à son oncle, celui qui avait réalisé son vœu le plus secret, celui de coucher avec sa mère et de tuer son père. Dans la même veine il évoque aussi cet autre symptôme que nous retrouvons chez Dora, celui du dégoût de la sexualité. Freud utilise même le terme d’aversion : « L’horreur qui devrait le pousser à la vengeance est remplacée par des remords, des scrupules de conscience. Il lui semble qu’à y regarder de plus près qu’il n’est pas meilleur que le pécheur qu’il veut punir. Je viens de traduire en termes conscients ce qui doit demeurer inconscient dans l’âme du héros ; si on dit après cela qu’Hamlet était hystérique, ce ne sera qu’une des conséquences de mon interprétation. L’aversion pour la sexualité que trahissent ses conversations avec Ophélie, concorde avec ce symptôme. Cette aversion qui devait grandir toujours davantage chez le poète, dans les années qui suivirent, jusqu’à atteindre son point culminant dans Timon d’Athènes. »

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