Psychanalyse

Un extrait de mon livre, « La fonction du père et ses suppléances »

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Les aléas de la fonction paternelle dans la névrose et dans la perversion

À partir de deux fictions littéraires, La Légende de saint Julien l’hospitalier, l’un des trois contes de Flaubert, puis le roman de Michel Tournier, Le Roi des aulnes, j’essaierai de mettre en évidence ce qui différencie au plus juste la fonction défaillante du père dans l’hystérie et dans la perversion et les deux façons de compenser ce fait psychique.

En effet, ce conte de Flaubert peut être mis au rang des grandes œuvres parricides et hystériques avec celles d’Œdipe, d’Hamlet et des frères Karamazov tandis que le roman de Michel Tournier, redonnant une nouvelle vie, par sa traduction de l’allemand vers le français, au beau poème de Goethe, se révèle une magnifique analyse structurale, une rigoureuse mise à plat de toutes les variantes d’un vrai fantasme pervers. Ce fantasme, Michel Tournier l’appelle une pédéphorie 1. Ce nom a été forgé par lui, à partir du verbe grec phorein, porter, pour décrire la jouissance singulière qu’éprouve son héros, Abel Tiffauges, quand il porte un enfant dans ses bras. Dans la progression du roman, cette « pédéphorie » subit ensuite une « inversion maligne », elle devient « pédophilie » et nous donne donc une approche inattendue de cette perversion.

La fonction du père et ses suppléances (extrait)

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Joyce le héros, Joyce le poète…
et « Joyce le symptôme »

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Il est tentant de mettre à l’épreuve la comparaison des deux approches de la création poétique que nous proposent Freud et Lacan en se référant à l’une des premières œuvres de James Joyce, Dedalus. Joyce s’y identifie à ce héros du mythe grec qui avait construit, à la demande du roi Minos, un labyrinthe pour y enfermer le Minotaure. Pour pouvoir s’échapper de cette île, Dédale et son fils Icare se fabriquèrent des ailes et purent ainsi échapper à leur prison insulaire par les airs, tels des oiseaux.

On peut en effet retrouver dans cette œuvre de James Joyce, tout d’abord, ce que Freud nous propose, ces trois temps, passé, présent, futur, enfilés sur le cordeau du désir : le désir du lecteur est certes réveillé par la lecture de cette œuvre lorsqu’il s’identifie au héros, en l’occurrence à Dédale. Mais, selon la célèbre formule de Lacan, le désir étant « désir de l’Autre », on peut aussi en déduire, en toute bonne logique, que ce désir du lecteur est également celui de l’auteur.

La fonction du père et ses suppléances

La fonction du père et ses suppléances Sous la plume des poètes Sommaire Préface de Gérard Haddad Chapitre I Écrits de leur plus belle plume 1- L’art poétique et l’art analytique 2- Ces troubadours de l’inconscient que sont les poètes et les psychanalystes 3- Joyce le héros, Joyce le poète… et « Joyce le symptôme » Chapitre II L’œuvre poétique de Goethe évoquée par Freud et par Lacan 1- Quand Freud recevait le prix Goethe de littérature 2- Où on découvre les liens de la création poétique et de la création des symptômes. Les souffrances de Goethe et celles du jeune Werther 3- La fonction de l’œuvre qu’elle soit littéraire ou analytique 4- Quand Lacan, à son tour, s’intéresse à l’œuvre de Goethe Chapitre III Les naissances d’une œuvre : Proust, Mallarmé et Rilke 1- « Comme dans les bras d’un père retrouvé ». Les premières pages écrites par le jeune Marcel Proust 2- « Je…

Déchiffrer les imbroglios du double graphe du désir avec l’aide de Geluck

En lisant le séminaire des Formations de l’inconscient, on peut réussir à reconstruire les trajets sur le graphe du désir des deux traits d’esprit que Lacan  a emprunté à Freud, celui du « Famillionnaire » et celui du veau d’or qui n’est plus adoré car il est, de par la magie de son auditeur, devenu veau de boucherie. Il faut toujours, pour qu’un trait d’esprit fasse rire, qu’il apporte une touche d’absurdité et de faute de logique : J’aime bien celui-ci inventé par Geluck : « Ce qu’on est arrivé à faire avec le téléphone sans fil, est-ce qu’on va le réussir un jour avec les haricots ? »  Qu’y a-t-il en effet de commun entre ces deux fils à part le mot lui-même ? On voit bien que c’est au niveau du code que s’effectue le changement de sens de ce fil et que c’est ce virement de la signification qui nous fait rire. Cependant,  même…

Ces troubadours de l’inconscient

Ces troubadours de l’inconscient que sont les poètes que les psychanalystes

amour Lacan a très souvent évoqué ces liens si ambigus de la littérature et de la psychanalyse et s’est référé plus d’une fois, au cours de ses séminaires,  aux grands auteurs. Je pense à André Gide, à Jean  Genet, ou à Paul Claudel,  à James Joyce, bien sûr, aux poètes de l’amour courtois, notamment à Marguerite de Navarre, mais aussi à William Shakespeare , à Goethe, à Racine, avec son fameux vers « Oui, je viens de ce pas, adorer l’Éternel », au moyen duquel il a évoqué le point de capiton soit la façon dont le signifiant réussit de temps en temps à embrocher le signifié .

Rilke, le poète et le parricide

Georges-de-Lydda-dit-Saint-Georges-terrassant-le-dragon C’est dans cet ouvrage,  «  Les carnets de Malte laurrids Brigge », que se trouve cette célèbre phrase de Rilke selon laquelle  chacun porte en lui-même sa propre mort, comme le fruit, son noyau.  Dans ces carnets, c’est l’angoisse qui y règne en maître, l’angoisse de mort. En relisant cet ouvrage,  je pensais sans cesse au grand texte de Freud qu’il a consacré aux crises d’angoisse de mort de Dostoïevski, sous ce titre « Dostoïveski et le parricide ». C’est en effet en pensant aux « attaques de mort » du poète russe, que j’ai commencé à repérer, dans le texte de Rilke, qu’il y décrivait certes ses crises d’angoisse, dont les plus anciennes, celles qui remontaient à l’enfance, mais qu’il y décrivait aussi plusieurs agonies et surtout, les plus marquantes, celles de son père et de son grand-père,  qui laissent deviner que ce n’est pas toujours de sa propre mort dont il s’agirait pour lui, mais plutôt de celle des autres.

Ainsi dès les premières pages, le grand morceau de littérature de ce roman de Rilke a pour thème la mort de son grand-père. Il agonise pendant des semaines  dans la grande maison familiale entouré de toute sa famille et de très nombreux serviteurs et des chiens également.

Comment Lacan introduit, dans l’analyse du Petit-Hans, la « castration symbolique »

Au cours de la séance du 6 mars 1956, Lacan commence à nous donner son fil de lecture de l’analyse du Petit Hans avec l’aide de son tableau de la frustration, castration, privation. Il y met notamment en avant ce qu’est la castration symbolique effectuée par l’agent qui est le père réel et qui porte sur un objet imaginaire. Où Lacan va-t-il repérer ce qu’est cette castration symbolique ? En un point précis de cette observation, le fantasme du plombier qui est venu lui enlever le derrière et le fait-pipi avec une tenaille et surtout lui en mettre un neuf et un plus beau ( p. 163 des cinq psychanalyses). Il considère et à juste titre que ce fantasme marque « la guérison de sa phobie ». Voici le fragment du texte de Freud qui le décrit : « L’après-midi, il se risque pour la première fois dans le Stadepark…

18 – Le fantasme au perçoir

Freud et le Petit-HansNous en sommes à la page 137 des cinq psychanalyses. Le père continue de plus belle son interrogatoire et brouille toutes les pistes que tente d’explorer le Petit-Hans. Au milieu de cette recherche Freud intervient pour donner quelques conseils à ceux qui souhaiteraient devenir psychanalystes : « Le père de Hans pose trop de questions et pousse son investigation d’après des idées préconçues, au lieu de laisser le Petit-Hans exprimer ses propres pensées. C’est pourquoi l’analyse devient obscure et incertaine. Hans suit son propre chemin et n’arrive à rien quand on veut l’en détourner. Son attention est évidemment accaparée par le loumf et le pipi nous ne savons pas pourquoi.

12 – Le signifiant cheval comme « un soc qui va refendre d’une nouvelle façon le réel »

Lacan et le petit-HansCette séance du 8 mai 1957 de le relation d’objet a beaucoup d’intérêt. Il faut vraiment la lire ligne à ligne. Dans les premiers paragraphes, Lacan y décrit donc ce qu’il appelle « la fomentation mythique du Petit-Hans, fomentation qu’il rapproche de ce que Freud appelle « les théories sexuelles infantiles ». théories sexuelles qui sont de trois ordres : Tous les êtres vivants ont un phallus. Les hommes et les femmes peuvent avoir un enfant. Il vient par l’anus. Enfin ce qu’il appelle « la conception sadique du coït.

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