Deux textes de Freud où il évoque cette question des scènes primitives et donc de l’observation des rapports sexuels des parents

 

A propos des scènes primitives il existe deux textes de Freud qu’il vaut la peine de relire, sans compter bien sûr le texte de L’homme aux loups dans les Cinq psychanalyses. Le premier est intitulé « Les théories sexuelles infantiles » et il y décrit la conception sadique du coït. C’est dans La vie sexuelle. P.22.

« … la troisième des théories sexuelles infantiles typiques s’offre aux enfants quand, à la faveur de quelque hasard domestique, ils se trouvent être témoins des rapports sexuels de leurs parents, rapports dont ils ne peuvent avoir d’ailleurs que des perceptions très incomplètes. Quelque soit le fragment qui s’offre à leur observation – positions respectives des deux personnes, bruits ou telle circonstance annexe –,  ils en arrivent tous à la même conception qu’on peut appeler conception sadique du coït. Ils y voient quelque chose que la partie la  plus forte fait subir avec violence à la plus faible et ils le comparent surtout les garçons, à une lutte, comme celle dont ils ont l’expérience dans les rapports entre enfants… »

Quelques lignes plus loin il, rajoute «  Il ne faut pas non plus écarter la possibilité que la toute première impulsion sadique qui aurait  presque fait deviner le coït, est elle-même intervenue sous l’influence des souvenirs les plus obscurs des rapports parentaux, souvenirs pour lesquels l’enfant, alors qu’il partageait encore, dans ses premières années,  la chambre à coucher de ses parents, avait reçu le matériel, sans qu’à l’époque il lui donnât sa valeur. »

Ce matériel reçu évoque bien sûr cette première empreinte de la scène primitive de l’Homme aux loups.

Le deuxième texte où reprend cette question de la scène primitive est celui d’un des chapitres de l’Introduction de la psychanalyse. C’est dans le chapitre 23 titré « Les modes de formation des symptômes »  

p. 345 à 348.

« … il n’est pas du tout invraisemblable que, même dans les familles non-prolétariennes, l’enfant, qu’on croit incapable de comprendre et de se souvenir, ait pu être témoin des rapports sexuels entre ses parents ou d’autres personnes adultes et qu’ayant compris plus tard ce qu’il avait vu il ait réagi à l’impression reçue.  Mais lorsqu’il décrit les rapports sexuels dont il a pu être témoin, avec des détails trop minutieux pour avoir pu être observés, ou lorsqu’il les décrit, ce qui est le cas de beaucoup le plus fréquent, comme des rapports more ferarum, il apparaît hors de doute  que cette fantaisie se rattache à l’observation d’actes d’accouplement chez les bêtes (les chiens) et s’explique par l’état d’insatisfaction de l’enfant, qui n’a subi que l’impression visuelle, au moment de la puberté. »

Freud pose la question de la réalité de ces scènes primitives et oppose ce qu’il en est de la réalité qu’il appelle psychique à la réalité matérielle. Cette réalité psychique doit être prise en compte en tant que telle dans l’analyse. (p.347)

«  Les fantaisies possèdent une réalité psychique, opposée à la réalité matérielle, et nous nous pénétrons peu à peu de cette vérité que dans le monde des névroses c’est la réalité psychique qui joue le rôle dominant. »

scultpure d’Annie Lagadec

2 Comments

  1. Pour être complet, chère Liliane, on pourrait peut-être rajouter la célèbre phrase de Freud dans « La double formulation du cours des évènements psychiques », sur la monnaie qui a cours dans le pays, savoir « la monnaie névrotique » :

    « Il est un caractère tout à fait surprenant des processus inconscients (refoulés) auquel le chercheur ne s’habitue qu’au prix d’un grand effort sur lui-même : il consiste dans leur mépris total pour l’épreuve de la réalité, la réalité de la pensée est mis à égalité avec la réalité extérieure, le désir avec son accomplissement, exactement comme ça se passait, sans plus sous le règne du vieux principe de plaisir. D’où la difficulté de distinguer les fantaisies inconscientes des souvenirs qui sont devenus inconscients. Il ne faut toutefois pas se laisser induire à l’erreur qui consisterait à appliquer aux formations psychiques refoulées la valeur de la réalité et à sous-estimer par exemple l’importance de fantaisies pour la formation des symptômes sous prétexte que ce ne sont pas des réalités ; ou encore à faire découler un sentiment de culpabilité NEVROTIQUE d’une autre source parce qu’on ne peut fournir la preuve d’un crime réellement commis. On est tenu d’employer dans le pays que l’on visite, la MONNAIE QUI Y A COURS, dans le cas qui nous intéresse, c’est la MONNAIE NEVROTIQUE qui nous importe » (nous soulignons) GW VIII p. 237-8
    (39) GW IX p.107 ; tra. fr p. 102.

  2. Bonjour Liliane

    J’aime beaucoup la sculpture

    Sinon, j’ai bien lu votre écrit.

    Beau dimanche 🙂
    Ingrid

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