Freud de son temps avait évoqué, dans l’un de ses ouvrages, les malaises de la civilisation. Nous évoquons, nous aussi souvent, ces malaises de la civilisation à l’époque où nous vivons. Sont-ils tellement différents ? Une approche analytique peut certes en être tentée et notamment avec ce terme que Lacan évoquait, celui d’une forclusion du Nom du père dans le champ social, ce qui est un terme très fort puisque cela fait référence à la structure de la psychose, il donne pour cause de cette forclusion une perte de la dimension de l’amour et notamment perte de ce qu’on peut appeler une perte de la dimension de l’amour de transfert.
Pour le démontrer (c’est dans le séminaire des non dupes errent) il décrit la façon dont se monnaye ce Nom-du-père encore appelé par lui métaphore paternelle. Ce terme même de monnayage implique bien sûr tout un système d’échanges, pour ne pas dire de trocs. Pour avoir la chance de pouvoir porter le nom de son père, je dirais de plein droit, tout passe par la parole de la mère. De ce monnayage, elle se trouve être en effet l’indispensable intermédiaire ou médiatrice. D’elle, dépend la réussite ou l’échec de cette brûlante négociation.
Lacan le formule ainsi « le défilé du signifiant par quoi passe à l’exercice ce quelque chose qui est l’amour, c’est très précisément ce nom du père qui est non, n, o, n, qu’au niveau du dire, et qui se monnaye par la voix de la mère dans le dire non d’un certain nombre d’interdictions ».