Lacan

Le rêve d’une amie de Freud

Le rêve se trouve page 383, dans le chapitre “ le travail du rêve ». Il est introduit par une phrase que, pour ma part, je n’arrive pas à bien déchiffrer. Je vous laisse donc le soin de l’interpréter vous-même en fonction du rêve cité : “Je ferai maintenant état d’un rêve dans l’analyse duquel la mise en image de la pensée abstraite joue un rôle plus important. La différence entre ce genre d’interprétation du rêve et celle qui recourt au symbolisme ne cesse pas cependant d’être très nettement marquée. Dans l’interprétation symbolique du rêve, la clé de la symbolisation est arbitrairement choisie par l’interprète du rêve. Dans les cas de déguisements langagiers que nous citons, les clés sont universellement connues et données par la pratique langagière établie. Quand on dispose de la bonne idée spontanée dans la bonne circonstance, on peut aussi, soit totalement, soit partiellement résoudre des rêves de cette nature indépendamment des indications du rêveur.”

Est-ce que, en cette circonstance, Freud ne nous indique pas qu’il n’utilise pas ce symbolisme mais sa connaissance de la vie de son amie pour l’interpréter ?

Un rêve où Freud est accusé du vol d’un objet perdu ! 

Ce rêve est décrit par Freud dans le grand chapitre qui concerne “Le travail du rêve”.  Il fait partie des rêves où il y a inhibition, l’impossibilité de faire quelque chose.  Il se trouve à la page 377 de la traduction Jean-Pierre Lefébvre. Il est introduit par cette question qu’il pose  » Que signifie cette sensation de mouvement inhibé si fréquente dans le rêve et qui s’approche tant de l’angoisse ? On veut s’en aller et on ne bouge pas de là, on veut faire quelque chose de particulier et on bute continuellement sur des obstacles […] il est commode mais insuffisant de répondre qu’il y aurait dans le sommeil une paralysie motrice qui se signalerait par la sensation évoquée ».   Le rêve que Freud rapporte se trouve donc là pour illustrer ce « ne pas pouvoir y arriver » mais sans sensation corporelle de cette inhibition.  Freud nous dit que cette formule fait partie du contenu onirique, donc du texte du rêve.   C’est un rêve abrégé dans lequel Freud se trouve accusé de malhonnêteté.  

« Le lieu est un mélange de clinique privée et d’un certain nombre d’autres locaux.  Un domestique se présente pour me convoquer à une enquête. je sais dans le rêve qu’on ne trouve plus quelque chose et que l’enquête résulte du soupçon que je me sois approprié l’objet perdu. L’analyse montre que le mot Untersuchung, qui désigne l’enquête, doit être pris dans un sens double et comprend aussi l’examen médical. Conscient de mon innocence et de ma fonction de consultant dans la maison, je suis tranquillement le domestique. Un autre domestique nous accueille à une porte et dit en me désignant : vous l’avez amené mais c’est un homme comme il faut. J’entre alors sans domestique dans grande salle où sont dressées des machines, et qui me rappelle un Enfer avec ses châtiments infernaux. J’aperçois, attelé à un appareil, un confrère qui aurait toutes les raisons de se soucier de moi; mais il ne fait pas attention à moi.  On me signifie ensuite que je peux m’en aller. Et alors je ne trouve pas mon chapeau et de toute manière je ne peux pas m’en aller ».  

Freud interprète ainsi son rêve : la satisfaction de désir du rêve est d’être reconnu comme un homme honnête. Mais le fait qu’il en puisse pas s’en aller prouve le contraire. 

 » Le ne-pas-arriver du rêve est une expression de contradiction. Un  » NON » en fonction duquel, donc l’affirmation précédente, qui disait que le rêve ne parvenait pas à exprimer le non doit être corrigée. » 

Rêves et complexe de castration

Le moindre des petits rêves rapportés par Freud dans son grand texte L’Interprétation du rêve, donne accès aux questions cliniques et théoriques les plus brûlantes de la psychanalyse.
En témoignent par exemple ces deux rêves que Freud utilise pour indiquer comment tout ce qui est dit, à propos du rêve, sert à masquer son contenu latent mais, en même temps, le dévoile.
Ils illustrent certes son propos, mais également révèlent ce qu’il en est du complexe de castration qui est différent pour les hommes et pour les femmes et cet événement traumatique que constitue la découverte de la différence des sexes.
Nous en sommes toujours au chapitre « Travail du rêve » p. 373 trad. Jean-Pierre Lefebvre.

« Le rêve avec des fleurs »

Ce rêve avec des fleurs se trouve dans la troisième partie du Travail du rêve, la partie C qui a pour titre “Les moyens oniriques de la figuration”. p. 351, à la suite de la partie A, la condensation et la partie B, le déplacement.(Traduction Jean-Pierre Lefevbre)

Il semble bien que jusqu’ici  nous avions étudié plutôt la défiguration du rêve qui était nécessaire au franchissement de la censure, avec le déplacement, mais là il s’agit de sa figuration.

La figuration c’est en somme la mise en scène du rêve, la représentation dans le contenu manifeste des pensées du rêve, peut-être pourrait-on dire, l’invention du rébus chargé de représenter ces pensées. Freud nous explique que dans le matériel utilisé pour fabriquer le rêve, ne se trouvent pas les outils nécessaires pour représenter toute une série d’articulations logiques du texte du rêve, celles avec des Si, parce que, à moins que, ou bien ou bien, quoique…. Freud donne donc quelques exemples de la façon dont le rêve tente de remédier à cette impossibilité. Mais il nous indique aussi que c’est au rêveur de les restituer, une fois le rêve interprété.

Dans ce chapitre nous allons retrouver tout ce que Lacan a travaillé pendant de nombreuses années, une approche logique, avec ce qu’il a appelé le principe de non contradiction et également les liens de causalité, que Lacan a rapproché de l’implication, implication formelle et matérielle avec ses tables de vérité.
Ce rêve est essentiel à sa démonstration avec quelques autres.

Des Bernard Palissy de la psychanalyse

Bienvenue sur ce site de podcasts Une psychanalyse à fleur d’inconscient.  Aujourd’hui je voudrais à nouveau vous parler d’argent. Dans l’un de ses livres Gérard Haddad se compare à Bernard Palissy brûlant tous ses meubles pour découvrir l’art de la porcelaine. Chaque analysant peut se comparer à cet homme de passion, car la psychanalyse en est une.

L’argent ne fait pas le bonheur comme dit le proverbe mais il y contribue. Il en va de même pour la psychanalyse. Il y joue son rôle au nom de la grande équation symbolique énoncée par Freud qui pose que, pour l’inconscient, les excréments, les cadeaux, l’argent, le pénis et les enfants sont des concepts qui s’échangent facilement. Nous entrons ainsi avec cet argent dans la langue de la névrose. Avec lui aussi l’analyse est mise en chantier, on passe d’emblée aux choses sérieuses.

Pour l’analyste, ce paiement par l’analysant n’est pas sans importance, ne serait-ce que parce qu’elle lui permet de gagner sa vie, mais c’est aussi la preuve, aussi bien pour lui que pour l’analysant, qu’il ne joue pas un rôle messianique. Il n’est pas là pour sauver l’humanité souffrante. Il est là pour déchiffrer des symptômes.  Lacan disait des psychanalystes qu’ils étaient des praticiens du symbolique, j’aime beaucoup mieux les appeler des vrais poètes du symptôme.

Deux rêves de femmes comblées ou « La symbolique du rêve »

 Dans l’Interprétation des rêves Freud consacre un chapitre à la question de la symbolique. Il y écrit : « Quand on s’est familiarisé avec l’emploi surabondant de la symbolique pour figurer le matériel sexuel dans le rêve, on se demande si beaucoup de ces symboles ne sont pas analogues aux signes sténographiques pourvus une fois pour toutes d’une signification précise; on est tenté d’esquisser une nouvelle clef des songes d’après la méthode de déchiffrage. Il faut ajouter à cela que cette symbolique n’est pas spéciale au rêve, on la retrouve dans toute l’imagerie inconsciente, dans toutes les représentations collectives, populaires notamment: dans le folklore, les mythes, les légendes, les dictons, les proverbes, les jeux de mots courants : elle y est même plus complète que dans le rêve. Bornons-nous ici à dire que la figuration symbolique est au nombre des procédés indirects de représentation; mais qu’il ne faut pas la confondre avec les autres procédés indirects sans s’en être fait un concept plus clair ».

L’hystérie ou « l’art de saisir le symptôme de l’Autre au vol »

Bienvenue sur ce site de podcasts  » une psychanalyse à fleur d’inconscient ». J’ai choisi aujourd’hui de vous parler de l’hystérie et de sa place essentielle dans la psychanalyse. Dans un texte tardif de son enseignement qui a pour titre «  Joyce le symptôme ». Lacan évoque l’hystérie de Socrate et de la façon dont il saisissait « le symptôme de l’autre au vol » mais tout en soulignant que, l’analyste, doit savoir, lui aussi, saisir le symptôme de l’autre au vol pour pouvoir l’interpréter. Il fait ainsi de Socrate, en une seule phrase, le modèle de tous les hystériques mais aussi de tous les analystes.

 Je le cite : « Socrate, parfait hystérique, était fasciné du seul symptôme saisi de l’autre au vol. Ceci le menait à pratiquer une sorte de préfiguration de l’analyse. Eût-il demandé de l’argent pour ça au lieu de frayer avec ceux qu’il accouchait que c’eût été un analyste, avant la lettre freudienne. Un génie quoi !  Le symptôme hystérique, je résume, c’est le symptôme pour LOM de s’intéresser au symptôme de l’autre comme tel : ce qui n’exige pas le corps à corps. Le cas de Socrate le confirme, exemplairement ».  Je trouve très belle cette expression de l’hystérie comme étant, en somme, l’art de saisir le symptôme au vol.

Lectures à propos de l’écriture de Joyce

Je me suis mise à lire un peu  tout ce qui s’est écrit à propos de Joyce et, sans compter l’indispensable biographie de Joyce en deux volumes rédigée par Ellmann,  j’ai trouvé trois livres que j’ai trouvé intéressants par rapport à l’approche qu’en a faite Lacan.

Un livre d’Eugène Jolas, qui a aidé Joyce, et quand je dis aidé,  c’est pour de bon, effectivement, dans sa rédaction de Finnegans Wake. Un autre de Frank Budgen qui, lui,  l’a aidé à mettre en forme Ulysse. Enfin le troisième c’est celui d’un de ses confrères, Vladimir Nabokov,  l’auteur de Lolita. L’ouvrage de Nabokov a pour nom «  Proust, Kafka, Joyce ». Il fait de cet Ulysse de Joyce, presque un roman policier dont l’intrigue porte sur un personnage énigmatique l’Homme au mackintosch.
Le livre de Frank Budgen s’appelle « James Joyce et la création d’Ulysse ». Celui d’Eugène Jolas, « Sur Joyce ».

Le transfert comme « transcription d’une langue dans une autre »

Le chapitre VI de l’Interprétation du rêve est intitulé «  Le travail du rêve ». Dans les chapitres précédents, Freud partait toujours du texte du rêve, de son contenu manifeste pour tenter d’y retrouver ce qu’il appelle « les pensées du rêve ». Dans ce chapitre, il inverse la démarche, il part en effet des pensées du rêve pour décrire comment elles trouvent à s’exprimer et quels sont les mécanismes qui sont à l’oeuvre dans la formation du rêve, sa fabrication sous forme de rébus.Nous y retrouverons à la fois le rêve de la monographie botanique que Freud va utiliser à nouveau pour expliciter ce qu’est ce mécanisme du rêve de la « condensation », puis un nouveau rêve que Freud lui-même à intitulé «  Un beau rêve ». Il est en effet très beau. Il y est question de pommes sur un pommier. Dans le bureau de Lacan, ses analysants avaient devant les yeux, allongés sur le divan, un petit tableau que j’aimais beaucoup, un pommier avec ses pommes dans une très verte prairie.

Comment Cécilia M. confia à Freud le secret de fabrication du symptôme hystérique

Le moment est maintenant venu de vous parler  de celle qui fut pour Freud une vrai Matahari venue des pays de l’inconscient, cette dénommée Cécilia M, celle qu’il appelait dans l’une de ses lettres à Fliess, « son seul maître es Hystérie ».

Alors que ce sont d’autres hystériques qui occupent le devant de la scène, parmi elles, Emma, Catharina ou Lucy, nous ne retrouvons sa présence discrète, mais pourtant essentielle, que dans quelques notes, et quelques pages, toujours donc un peu en marge de ces études sur l’Hystérie.

Il vaut pourtant la peine de la découvrir car Freud souligne le fait que de tous les cas qu’il a décrit, il a  pu rassembler à partir de son histoire clinique, les preuves les plus convaincantes du mécanisme psychique des phénomènes hystériques.

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