Un rêve où Freud est accusé du vol d’un objet perdu ! 

 

 

Ce rêve est décrit par Freud dans le grand chapitre qui concerne “Le travail du rêve”.  Il fait partie des rêves où il y a inhibition, l’impossibilité de faire quelque chose.  Il se trouve à la page 377 de la traduction Jean-Pierre Lefébvre. Il est introduit par cette question qu’il pose  » Que signifie cette sensation de mouvement inhibé si fréquente dans le rêve et qui s’approche tant de l’angoisse ? On veut s’en aller et on ne bouge pas de là, on veut faire quelque chose de particulier et on bute continuellement sur des obstacles […] il est commode mais insuffisant de répondre qu’il y aurait dans le sommeil une paralysie motrice qui se signalerait par la sensation évoquée ».   Le rêve que Freud rapporte se trouve donc là pour illustrer ce « ne pas pouvoir y arriver » mais sans sensation corporelle de cette inhibition.  Freud nous dit que cette formule fait partie du contenu onirique, donc du texte du rêve.   C’est un rêve abrégé dans lequel Freud se trouve accusé de malhonnêteté.  

« Le lieu est un mélange de clinique privée et d’un certain nombre d’autres locaux.  Un domestique se présente pour me convoquer à une enquête. je sais dans le rêve qu’on ne trouve plus quelque chose et que l’enquête résulte du soupçon que je me sois approprié l’objet perdu. L’analyse montre que le mot Untersuchung, qui désigne l’enquête, doit être pris dans un sens double et comprend aussi l’examen médical. Conscient de mon innocence et de ma fonction de consultant dans la maison, je suis tranquillement le domestique. Un autre domestique nous accueille à une porte et dit en me désignant : vous l’avez amené mais c’est un homme comme il faut. J’entre alors sans domestique dans grande salle où sont dressées des machines, et qui me rappelle un Enfer avec ses châtiments infernaux. J’aperçois, attelé à un appareil, un confrère qui aurait toutes les raisons de se soucier de moi; mais il ne fait pas attention à moi.  On me signifie ensuite que je peux m’en aller. Et alors je ne trouve pas mon chapeau et de toute manière je ne peux pas m’en aller ».  

Freud interprète ainsi son rêve : la satisfaction de désir du rêve est d’être reconnu comme un homme honnête. Mais le fait qu’il en puisse pas s’en aller prouve le contraire. 

 » Le ne-pas-arriver du rêve est une expression de contradiction. Un  » NON » en fonction duquel, donc l’affirmation précédente, qui disait que le rêve ne parvenait pas à exprimer le non doit être corrigée. » 

Freud établit ainsi un lien solide entre l’inhibition et la contradiction. Dans ce premier ouvrage de Freud on trouve ainsi en germe toute la métapsychologie freudienne.  Ces approches de l’inhibition devancent en somme ce que Freud décrira plus tard dans « Inhibition, symptôme, angoisse ».  Dans ce second texte, Freud indique que l’inhibition porte sur les fonctions du Moi, à savoir la fonction sexuelle, la nutrition, la locomotion et le travail. 

Freud invente une métaphore de ce qu’est cette inhibition en la comparant à une cuisinière qui a eu les faveurs de son maître et qui refuse ensuite de se remettre aux fourneaux.   Freud nous dit qu’il y a inhibition quand la fonction en cause a été « érotisée ». 

Il me semble que dans ce rêve, le fait que Freud ne puisse pas quitter les lieux où il été,  en somme,  mis en accusation, indique bien en quoi cette fonction de déplacement a été en somme accaparée pour démentir le fait qu’il était innocent.   Il est entré dans le jeu du rêve de désir. 

 Dans le séminaire RSI, Lacan avait inscrit sur le noeud borroméen, la triade de Inhibition, symptôme, angoisse.  Pour les inscrire, il avait ouvert et transformé en droite se nouant à l’infini, les trois ronds, du Symbolique, de l’Imaginaire et du Réel.   Dans l’espace créé ainsi entre la droite et le rond du Réel, il avait inscrit l’angoisse.  Entre la droite et le rond de l’imaginaire, c’est là qu’il inscrit l’inhibition. ( c’est le rapport au corps et au Moi)  Enfin entre la droite et le rond du symbolique y est inscrit le symptôme.  

J’en ai pris quelques notes avec ce texte : Inhibition, symptôme, angoisse avec le noeud borroméen.

 Ce rêve en est en quelque sorte un porte ouverte ou une échappée à propos de la fonction de l’inhibition avec les fonctions du moi quand elles sont accaparées par le désir inconscient ou tentent de lui résister, comme formation réactionnelle.     

 

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