Du bon usage du désir de guérir

Un terme qui a mauvaise réputation

Dès que les analystes entendent ce mot « guérison », ils font la fine bouche. Cette guérison a en effet mauvaise réputation. Certes dans leur réprobation, ils trouvent appui aussi bien sur les recommandations de Freud, sa mise en garde contre les dangers de la furor sanandi, de la rage de guérir, que sur le dire de Lacan concernant la guérison de surcroît, guérison obtenue comme un effet latéral de la psychanalyse, guérison qui n’en est pas la visée première, le but.

Il n’empêche que la psychanalyse a des effets et des effets bénéfiques pour le sujet, car sinon comment pourrait-on s’engager dans cette aventure à corps perdu, malgré toutes les embûches rencontrées ne serait-ce que dans le choix du psychanalyste, les souffrances réveillées et ce qu’il en coûte à chacun d’efforts de toutes sortes y compris et surtout d’efforts financiers.

Guérison, guérison de surcroît si on veut, mais guérison quand même, ce terme mérite d’être remis à l’honneur et c’est ce à quoi paradoxalement Lacan s’emploie à faire avec cette question du truquage. C’est ce que je vais essayer de démontrer en commençant par évoquer des fantasmes d’une extrême fréquence, pour peu qu’on y prête attention, des fantasmes de sauvetages ou de guérison par l’analyste … ou de l’analyste. De ces fantasmes nous en avons une magnifique et exemplaire démonstration avec l’histoire de l’Homme aux loups.

Les fantasmes de guérison

Je voudrais donc vous parler des fantasmes de guérison de l’analysant et de l’analyste ainsi que de la nécessité de les interpréter au terme de l’analyse. Ces fantasmes de guérison sont en effet à prendre en compte dans toute analyse parce que justement ils mettent au jour le désir du psychanalyste au coeur même de la structure de la névrose de l’analysant.

Pour vous en donner tout de suite la dimension et entrer dans le vif du sujet j’ai choisi un rêve raconté par Freud dans l’Interprétation des rêves sous le titre « Rêve du lac ». C’est le rêve d’une femme.

Il écrit :  » Voici un beau rêve d’eau … il servit beaucoup à la cure. Pendant son séjour d’été au lac de…( point de suspension) elle se précipite dans l’eau sombre, là où la lune pâle se reflète dans l’eau ». Des rêves de cette espèce, précise Freud, sont des rêves de naissance ». Elle ne se précipite pas dans l’eau sombre mais au contraire, telle Aphrodite naissant de l’écume de la mer, elle en sort. La cure est pour jeune femme une seconde naissance. Elle est sauvée – guérie par son analyste mais, écrit Freud, ce rêve exprime aussi un désir très timide d’être mère elle-même. C’est un pudique aveu : elle souhaite être enceinte des oeuvres de Freud.

Dans l’analyse, les fantasmes de guérison de l’analysant s’expriment avec l’aide de toutes les équivoques signifiantes du verbe sauver. Ces sauvetages sont souvent en rapport avec l’eau, mer, fleuves ou rivières.

Freud a décrit les quatre combinaisons possibles de ce verbe Sauver dans son texte « Psychologie de la vie amoureuse. On désire sauver son père ou être sauvé par lui. Sauver sa mère ou être sauvé par elle.

Etre sauvé par son père exprime le désir d’être aimé de lui comme une femme et d’en recevoir un enfant. C’est donc un typique fantasme de grossesse qui se retrouve dans toute analyse, celle des hommes comme celles des femmes. Mais ce désir d’être sauvé par le père est en fait une ordalie, une épreuve de reconnaissance.

Si nous passons de la forme passive à forme active de ce verbe, au-delà de l’amour il y a bien sûr la haine, car sauver le père, l’épargner, lui laisser la vie sauve, trahit un violent désir de le tuer.

Si nous changeons d’objet, sauver sa mère exprime le désir tout à fait viril de lui faire un enfant. Etre sauvé par elle révèle par contre le désir fondamental de tout sujet, celui d’être son enfant, son enfant phallus.

Ces quatre combinaisons possibles se trouvent conjointes dans un même fantasme de guérison par l’analyste. Elles doivent donc être toutes les quatre retrouvées par l’interprétation de ce fantasme au cours de l’analyse.

C’est ce que démontre l’un des plus beaux fantasmes de guérison de la littérature analytique celui de l’Homme aux loups. Vous le retrouverez le mieux explicité page 403 des Cinq Psychanalyses.

Vous vous en souvenez sans doute l’Homme aux loups, dans son transfert pour Freud, souhaitait être sauvé – guéri par lui, mais les circonstances de cette guérison étaient cependant bien particulières. Pour que sa maladie puisse le quitter, deux conditions étaient posées : Il fallait, d’une part qu’il se substitue à sa mère pour obtenir un enfant de son père. Freud appelle ce fantasme, fantasme de retour au ventre maternel et le décrit ainsi : on désire être dans le corps maternel afin de se substituer à la mère dans le coït, afin de prendre sa place auprès du père.

Mais il fallait aussi, c’était la seconde condition posée à sa guérison, qu’il renaisse une seconde fois à la vie. Freud définit ce fantasme de renaissance comme une sorte d’euphémisme, d’atténuation du fantasme des rapports incestueux avec la mère et il précise ceci : « On ne saurait écarter la possibilité que dans les doléances de notre patient et dans la condition posée à sa guérison, les deux fantasmes, c’est à dire les deux désirs incestueux, n’eussent été réunis ».

Je vous le rappelle en passant ce double fantasme se manifestait par un symptôme hystérique, une constipation opiniâtre qui ne cédait que lorsque un homme, son valet de chambre, lui administrait un lavement, il éprouvait alors l’impression qu’un voile se déchirait et qu’il revenait à la vie. Ce symptôme décrit par Freud comme la parcelle d’hystérie de sa névrose obsessionnelle persista inchangé toute sa vie, résolument rebelle à toute interprétation.

Hélas, il y a bien loin de la coupe aux lèvres !

Tout comme le dit le proverbe il y bien loin de la coupe au lèvres, et bien loin du fantasme de guérison à la guérison de la névrose.

A relire la longue histoire de l’Homme aux loups on s’aperçoit que Freud n’a jamais pu se dégager de la position de père guérisseur, de père idéalisé que lui avait donné son analysant.

Mais de plus Freud avait en quelque sorte nourrit le fantasme de l’Homme aux loups de recevoir beaucoup de cadeaux, beaucoup d’enfants de la part de son père, avait donc donné satisfaction à son fantasme de sauvetage en lui donnant d’importantes sommes d’argent.

En échange de ces dons, comme prix à payer, jusqu’à l’heure de sa mort, l’Homme aux loups fut littéralement poursuivi par une meute de psychanalystes, des élèves zélés de Freud, qui en s’intéressant ainsi beaucoup à lui, étaient venus ainsi se substituer aux loups de son enfance.

Si j’évoque ici le tragique destin de l’Homme aux loups si intimement lié à l’histoire de la psychanalyse, c’est bien parce que la guérison de la névrose implique un double renoncement, celui de l’analysant mais aussi et surtout celui de l’analyste.

et les fantasmes de sauvetage de l’analyste ?

Bien sûr l’analysant veut être sauvé – guéri par son analyste mais l’analyste, lui aussi, peut vouloir sauver – guérir son analysant. C’est là que justement la situation peut devenir fort périlleuse puisque, pour l’inconscient, comme nous venons de le voir, quand une femme sauve un enfant de la noyade, tout comme la fille de Pharaon avait sauvé Moïse, cela signifie qu’elle le met au monde, qu’elle est sa mère tandis qu’un homme en sauvant une femme d’un grand danger, y compris celui de la névrose, lui donne un enfant. Il est donc important que l’analyste soit un peu au clair quant à ses propres fantasmes de sauvetage et qu’il sache où il en est de son désir de guérir ses analysants.

Je vais essayer de vous dire quelle est la fonction d’un tel désir dans l’analyse en partant de ce que Lacan disait en 1978 sur la guérison de la névrose. Ce passage se trouve dans les conclusions du congrès sur la transmission de la psychanalyse.

Je le cite « Freud a bien souligné qu’il ne fallait pas que l’analyste soit possédé du désir de guérir; mais c’est un fait qu’il y a des gens qui guérissent, et qui guérissent de leur névrose, voire de leur perversion. Comment est-ce possible? Malgré tout ce que j’en ai dit à l’occasion, je n’en sais rien. C’est une question de truquage. »

Tournons un peu autour de ce mot. Il est pour le moins ambigu. Si nous choisissons de le rapprocher du mot truc, le truquage peut définir un savoir faire du psychanalyste. Il évoque donc l’habileté de l’artisan, l’astuce du bricoleur, l’inventivité du cinéaste dans les effets spéciaux d’un film ou encore ingéniosité d’un metteur en scène pour créer les décors d’une pièce de théâtre, tragédie ou comédie.

Mais si nous passons du nom truquage au verbe truquer, il prend des connotations plus péjoratives. Surgissent à son horizon, toute une cohorte de truqueurs, escrocs, imposteurs et faussaires. Les analystes ne doivent surtout pas éliminer cette dimension maléfique du truquage. Ils ne doivent jamais la perdre de vue.

Le rêve de sauvetage d’une psychanalyste

Qu’allons nous faire de ce truquage? Pour essayer de saisir en quoi il consiste, je vais vous raconter le rêve d’une femme. C’est le rêve d’une analyste. Voici son texte : « Je me trouve sur une plage de l’Atlantique. Soudain deux ou trois grosses vagues se forment. Je me précipite pour sauver de très nombreux enfants en train de se noyer. A côté de moi, il a y a des parents qui ne se font aucun souci pour leurs enfants. Je tente de sauver leur dernier enfant mais pour sauver ma propre vie je le laisse échapper. J’essaie de l’attraper avec une sorte de boite mais la boite est vide. Les parents m’engueulent mais je leur réponds qu’après tout ce sont eux les parents. »

Je ne sais pas grand chose de ce rêve et je ne peux donc l’analyser davantage sans l’appui de la rêveuse. Cependant il est très lisible en tant qu’il exprime un typique fantasme de sauvetage. La rêveuse met au monde de très nombreux enfants, elle en sauve beaucoup. De même dans l’institution où elle travaille en tant qu’analyste, elle désire sauver- guérir de nombreux enfants.

Par le contenu manifeste de ce rêve, elle met en évidence ce qu’il en est de son désir d’être analyste en rapport avec son désir d’avoir de très nombreux enfants. Mais dans le simple fait de me le raconter, et par rapport à ce qu’elle avait entendu de mon travail sur cette question, elle avait elle-même déjà commencé à dégager à partir de son rêve, ce qu’il en est du désir du psychanalyste en tant que tel à partir de son propre désir.

Le désir du psychanalyste

Avec cet exemple clinique, le rêve de cette analyste, Je vais donc essayer d’établir un écart, une différence entre le désir de celui qui occupe cette place du psychanalyste et le terme désir du psychanalyste. C’est un peu difficile à démontrer parce que justement c’est à la fois pareil et pas pareil.

Pour essayer de formuler cette différence, je définirai le truquage comme un artifice du psychanalyste qui consisterai à substituer son propre désir au désir du parent traumatique qui avait jadis structuré toute la névrose de l’analysant, autour duquel s’était organisé ses symptômes.

Les fantasmes de l’analysant qui s’expriment dans ses symptômes peuvent donc reprendre vie, se redéployer cette fois-ci au contact du désir du psychanalyste. Lacan parle de cette substitution du désir de ce parent traumatique à la fin de l’acte analytique en évoquant le mythe des paroles gelées de Rabelais. C’est donc au contact du désir de l’analyste que les paroles gelées du symptôme reprennent vie, se réchauffent aux flammes des amours de transfert et peuvent donc être interprétées.

Mais pour pouvoir en rendre compte, je crois qu’il faut différentier le désir d’un analyste tel qu’il se met spontanément en jeu avec chaque analysant en fonction de son l’histoire familiale et le désir du psychanalyste en tant que tel qui est en quelque sorte la mise hors jeu, hors champ du désir de cet analyste par rapport au désir de l’analysant. Il me semble que c’est ce que montre le rêve de cette femme analyste : Elle commence tout d’abord par sauver beaucoup d’enfants mais dans un deuxième temps, la boite reste vide et après tout ce sont eux les parents ».

Sur un même schéma j’ai essayé de mettre en évidence comment les deux structures névrotiques de l’analysant et de l’analyste viennent en quelque sorte sinon s’intriquer au moins se superposer l’une à l’autre, avec la mise en commun de ce même signifiant Sauver- Etre sauvé dans une sorte de réciprocité momentanée et peut-être simplement fictive entre le désir de sauver ou d’être sauvé de l’analysant et de l’analyste. C’est ce en quoi justement consiste le truquage. Le fantasme de guérison, au nom de l’équivalence sauver=guérir, utilise donc toutes les valences du verbe sauver aussi bien pour l’analysant que pour l’analyste.

Bien sûr la guérison de la névrose de l’analysant implique un renoncement au désir d’être guéri – sauvé par son analyste mais c’est justement par son propre renoncement au désir de sauver, guérir son analysant, en fonction de ses propres désirs incestueux que l’analyste peut donc y jouer un rôle décisif.

C’est ainsi, par ce renoncement, que ce truquage, cet artifice du psychanalyste doit être dévoilé, mis à jour au terme de l’analyse justement pour ne pas risquer de glisser de l’habileté, du savoir faire du psychanalyste à l’imposture.

Imposture qui consisterait justement à maintenir intact, sans le remettre en question, son propre désir au cœur de la névrose de l’analysant ou encore en inversant les rôles c’est – à – dire en substituant au désir du parent traumatique qui avait structuré sa propre névrose, celui de son analysant. C’est ce que Freud appelait névrose de contre -Transfert. C’est elle qui entraînerait le truquage du côté de l’imposture.

L’analyste, au terme de l’analyse, doit se défausser

L’analyste, au terme de l’analyse doit se défausser, se sortir de cette implication dans les fantasmes de sauvetage de l’analysant. Pour reprendre les termes en usage, il doit prendre en compte sa névrose de contre-transfert sollicitée ou remise en jeu avec chaque analysant.

C’est par son interprétation qu’il tire son épingle du jeu. C’est par elle qu’il peut effectuer une coupure entre son désir et celui de l’analysant.

Quant à la coupure que l’analysant devra effectuer pour lui-même, elle restera à sa charge, sous sa responsabilité. Il devra au terme de l’analyse renoncer à la satisfaction de son double fantasme hystérique. Renoncer à son désir d’être l’objet désiré par sa mère, renoncer à être le phallus, mais aussi bien renoncer à ce désir de reconnaissance par le père. Il faut bien accepter le fait que les ordalies sont toujours ratées. Non pas en raison des insuffisances du sujet mais plutôt des insuffisances de ce grand Autre, auquel nous faisons tous appel. Si le père, après son meurtre, est devenu un Dieu, il faudrait qu’après l’analyse, il redevienne un homme, un pauvre homme.

Quelques remarques en guise de conclusion :

– Je voudrais souligner combien, avec ces deux versants du truquage, l’entreprise analytique se révèle scabreuse car le savoir faire du psychanalyste peut malencontreusement déraper du côté de l’imposture ou de l’escroquerie.

– Mais comme je ne veux pas terminer mon exposé sur ces deux termes quand même pas très réjouissants, je vous rappellerai plutôt l’importance des fantasmes de sauvetages de l’analysant et de l’analyste pour la psychanalyse. J’ai essayé de vous montrer en quoi ils étaient nécessaires, pour le travail que poursuit l’analysant mais surtout par rapport au terme de l’analyse mais ils sont également très utiles, en tant que fantasmes de grossesse du psychanalyste, pour mettre en quelque sorte en acte, les successives réinventions de la psychanalyse par chaque psychanalyste ou encore pour cerner au plus juste ce qu’il en est de la formation du psychanalyste. C’est ce que j’ai essayé de montrer dans un livre maintenant ancien « Eloge de l’hystérie masculine, sa fonction secrète dans les renaissances de la psychanalyse ».C’est ce travail qui m’a permis d’avancer de quelques pas sur cette question du truquage. il est en effet dans son prolongement.

– Enfin pour ouvrir de nouveaux horizons avec cette question du truquage centrée sur les fantasmes de sauvetage de l’analysant et de l’analyste, je voudrais souligner le fait qu’avec elle nous avons rejoint ce que Freud appelait « le roc du complexe de castration », ce sur quoi l’analyse venait buter.

Par l’interprétation de ces fantasmes de guérison, le Charybde en Scilla du complexe de castration peut être franchi à condition de passer de l’élaboration de Freud concernant ce complexe à celle de Lacan, élaboration telle qu’elle y fait apparaître d’une part la fonction de l’objet a, dans sa portée symbolique, la découverte de ce qu’on a été – comme objet a – dans le désir de ses parents, « le wanted ou l’unwanted de sa venue au monde  » mais aussi et surtout l’érection du phallus en tant que signifiant, érection dont la lettre grand phi marque cet acquis de l’analyse. Ceci mériterait bien sûr démonstration. Une autre fois…

(Un extrait de mon livre « Lettres à Nathanaël ; une invitation à la psychanalyse » paru chez L’Harmattan, en 2007)

2 Comments

  1. Richard Abibon Reply

    ermarquable article, Liliane. j’ai été passionné de bout en bout. vous faites bien la part des choses entr le désir de l’analyste et le désir du sujet qui occupe cette place je ne sais pas si on peut toujours aussi bien faire la différence, mais quoi qu’il en soit c’est bien que essayiez de théoriser là dessus.
    ceci dit, vous partez d’une nécessaire réhabilitation de la notion de guérison, pour finalement démontrer à quel point c’est une notion dont il faut se méfier! vous montrez bine en quoi il s’agit d’un fantasme, et comment il est partagé par les deux… oui ou non. justeemnt vous montrez que l’anlayste à tout intérêt à se déprendre de son fantasme de guérison ! perso, je m’en tire en substituant le mot soulagement à celui de guérison de la même façon que j’essaye de modifier la totalité de notre vocabulaire de manière à bien faire entendre la rupture épistémologique entre Psychanalyse et médecine; évidemment on n’attrappe pas les mouches avec du vinaigre,et qui vinedrait faire une analyse s’il n’y trouvait qqch? à côté du soulagement je dis toujours que ce qu’on y trouve, c’est du sujet : cette fameuse re(co)naissance qui tarde toujours à venir de l’autre et ne sera jamais à la hauteur des espérances.
    en tout cas bonnen continuation. ce genre de texte me ravigote.

  2. Fainsilber Reply

    Contente Richard que ce texte vous ait ravigoté. C’était son but. Je reprends cette question de la guérison car ce terme ne me fait pas du tout peur. Il fait partie de la langue de tout un chacun et n’est pas spécialement un terme médical, les remèdes de bonnes femmes ou de grand-mère peuvent aussi bien faire l’affaire, ou encore les passes de magnétiseurs ou encore ce qu’on appelle « les cautères sur jambe de bois ».
    Vous préférez le terme de « soulagement » à celui de guérison mais il ne donne pas accès à toutes les équivoques qui sont si nécessaires dans une analyse concernant ces fantasmes de sauvetage et surtout ces fantasmes de grossesse de l’analysant et éventuellemnt de l’analyste.

    Sur cette question de son usage et de son bon usage dans l’analyse, on pourrait pousser la boutade jusqu’à dire que ce n’est que lorsqu’on a renoncé à ce fantasme de guérison par l’analyste qu’on est à proprement parler guéri. Pour le dire d’une façon moins elliptique, La formule « aide-toi et le ciel t’aidera » est radicalement fausse. Aucun ciel, aucun dieu ne peut nous aider, car pour que ce soit possible encore faudrait-il qu’il existe.
    Il ne nous reste plus qu’à nous aider nous-mêmes, il est vrai au besoin avec quelques autres qui nous soutiendrons de leur amour et de leur amitié, ce qu’on appelle chaleur humaine. C’est toujours elle qui nous ravigote.

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