L’identification  ou la création d’images composites dans quelques rêves

A partir de ce que Freud décrit de ces “identifications” je me suis tout d’abord sentie  un peu noyée dans ce chapitre. Mais j’ai commencé à me repérer beaucoup mieux quand j’ai remarqué que Freud ne fait que poursuivre sa démarche où après avoir étudié la façon de représenter dans le rêve, les relations de causalité, le “si… alors”,  et celle de l’ambiguïté,  le “ou bien… ou bien”, il passe maintenant à la similitude avec la conjonction “ Comme”.   

C’est tout d’abord une sorte de jungle, un luxe de détails,   où des personnages, des villes, des objets peuvent être amalgamés les uns aux autres. il y  a plutôt identification avec des personnes et  “image composite” avec des objets. Mais il peut aussi y avoir ce qu’il appelle des “personnalités composites”.  Cela arrive en somme quand l’identification n’a pas complètement réussi, l’amalgame révèle ses failles.  Au fond ce que Freud décrit là, ce sont les mécanismes mêmes de la condensation pour arriver à exprimer le désir inconscient du rêve au travers de son contenu manifeste.  Il poursuit donc sa description du travail du rêve, de ses procédés de fabrication avec ce qu’il appelle “la ressemblance”.  C’est elle qui provoque ces deux mécanismes de l’identification et de la création d’image composite. 

Freud en donne quelques exemples cliniques qui au moins peuvent nous servir de balises. C’est ce fil que je vais continuer à suivre pour ne pas me perdre en route.  Il évoque à la fois, le rêve de l’injection faite à Irma et aussi le rêve des fleurs. Irma est une composition de plusieurs femmes, dont Martha.  Parmi les fleurs se trouvent à la fois des lys, des camélias, des fleurs de cerisiers et une plante exotique évoquant l’un de ses amoureux. 

Le second exemple  est celui où, dans son rêve, Freud identifie Prague et Rome indiquant ainsi qu’il souhaitait plutôt rencontrer Fliess à Rome plutôt qu’à Prague.  Il les substitue l’une à l’autre. 

Le troisième exemple : “ Une autre patiente se crée dans le rêve un mixte de cabines de bain sur une plage, de cabanes d’aisance à la campagne et de mansardes comme on en trouve dans nos maisons de villes. Les deux premiers éléments ont en commun une relation à la nudité et au déshabillage. De leur combinaison avec le troisième on peut en déduire que dans son enfance, la mansarde avait été elle aussi le lieu de déshabillage.”

C’est amusant de penser qu’on appelle les cabinets, des cabinets d’aisance mais ce n’est peut-être pas pour rien qu’on appelle aussi du même nom le bureau de l’analyste ou celui du médecin. 

Le quatrième exemple est celui du rêve des perles de caviar. 

“ Après que son frère aîné lui a promis de la régaler de caviar, une jeune fille rêve à propos de ce frère que ses jambes sont couvertes de perles de caviar noires. Les éléments “ contagion” au sens moral, et le souvenir d’une éruption dans l’enfance, où les jambes apparaissent couvertes de petits points rouges, plutôt que noirs, se sont ici unifiés avec les perles de caviar pour donner un nouveau concept de ce que “son frère  lui a repassé”.  C’est de la contagiosité  

Un cinquième exemple le plus amusant :  “ Dans un rêve communiqué par Ferenczi apparaissait une figure mixte, composée à partir d’un cheval  et de la personne d’un médecin  qui, de surcroît, porte  une chemise de nuit. Ce que ces trois composants avaient en commun a résulté de l’analyse, une fois que la chemise de nuit a été identifiée comme allusion au père de la rêveuse dans une scène d’enfance. Il s’agissait dans les trois cas d’objets de sa curiosité sexuelle. Enfant elle avait été très souvent emmenée par sa nurse aux haras de l’armée, où elle avait eu l’occasion de satisfaire à foison sa curiosité – laquelle, à l’époque n’était pas encore bridée par une inhibition”. 

En tout cas, on peut dire que, dans les procédés du  rêve,  le dicton “ il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes” ne tient pas.  Le rêve ne se prive pas de les mélanger. Quoi de plus disparate en effet qu’un médecin, un cheval et une chemise de nuit ! 

En guise de conclusion, j’ai été intéressée par cette première approche de ce qu’est l’Identification au moment où Freud découvre en quelque sorte les premiers éléments de ce qu’il en est de la technique analytique, avec l’analyse des rêves, donc des années avant ce qu’il a, par la suite décrit comme étant les trois formes d’identification, réelle, imaginaire et symbolique, dans les Essais de psychanalyse.  

 J’en ai retenu ce signifiant qu’il avance et qui paraît essentiel c’est celui de “ressemblance”.  C’est par cette ressemblance que peuvent en effet s’effectuer ces identifications ou ces images composites.   Or cela m’a irrésistiblement évoqué le titre du séminaire de Lacan “ un discours qui ne serait pas du semblant” !  

Ce lien entre la ressemblance, l’identification et la création d’images composites se trouve développé p. 361. et aussi p.276 et 277 dans la traduction de Meyerson ( je ne sais pas trop pourquoi, cette fois-ci ce passage a été plus facile pour moi à déchiffrer dans cette traduction). 

 

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