Deux rêves,  l’un clair,  transparent, net, et un autre, flou et confus

Nous travaillons toujours pas à pas, ce chapitre intitulé «  le travail du rêve ».  Nous en sommes à la page 372 et 373, où Freud nous présente deux rêves, l’un étant très précis, très net, l’autre, flou et confus.   Freud pose avec l’aide de ces deux rêves, une sorte d’axiome qui rejoint bien ce que Lacan en avait décrit d’expérience, à propos du grand rêve immense du patient d’Ella Sharpe, à savoir que tous les commentaires faits par l’analysant à propos d’un rêve font déjà partie de son contenu latent. Ils sont en lien avec les pensées du rêve.   

Cet axiome posé par Freud est le suivant «  La forme du rêve ou de l’activité onirique est employée avec une fréquence tout à fait surprenante pour figurer le contenu caché. » Il en donne deux exemples qui sont difficiles à décrire car il ne nous donne pas le texte même de ces deux rêves. 

Le premier est un rêve de Freud lui-même. Il le décrit ainsi «  … je me souviens d’un rêve qui, au réveil, me paraissait si bien agencé, dépourvu de lacunes et transparent, qu’ivre encore de sommeil, je m’étais proposé de faire place à une nouvelle catégorie de rêves non soumise à la condensation et au déplacement. » Mais de fait Freud constate qu’il doit pourtant être tout autant déchiffré que les autres et que l’impression de netteté et de transparence était à ramener aux pensées du rêve et à sa satisfaction d’avoir découvert ce grand principe de la bisexualité du sujet.  Comme il l’écrit dans l’une de ses lettres adressées à Fliess, je m’habitue à penser au fait que dans l’acte sexuel, quatre personnes y participent. ( je n’ai pas retrouvé la citation exacte) 

A propos de l’analyse de ce rêve, il écrit «   Mais le contenu réduit de ce rêve était que j’exposais à mon ami une difficile théorie de la bisexualité que j’avais longtemps cherchée et c’est à la puissance de satisfaction de désir inhérente à ce rêve que revenait l’apparente limpidité et l’absence de faille de cette théorie ( qui au demeurant n’était pas communiquée dans le rêve). Ce que donc j’avais tenu pour un jugement sur le rêve achevé, en était un fragment, savoir, la pièce essentielle du contenu onirique ».  Pour ce qui concerne le grand rêve de l’analysant d’Ella Sharpe longuement commenté par Lacan dans le séminaire « le désir et son interprétation » on peut également remarquer que c’est une remarque d’ordre grammatical ( L’intransitivité du verbe « se masturber ») formulée par l’analysant qui donne accès  à l’interprétation du rêve. 

Le second rêve est celui de l’une des analysantes de Freud.  «  J’ai rencontré un jour le pendant parfait de cela chez une patiente qui au départ ne voulait absolument pas raconter un rêve ressortissant à l’analyse, «  tellement il était imprécis et confus » et qui finalement, au milieu de protestations répétées contre le caractère sûr de sa présentation, indiqua que plusieurs personnes étaient intervenues dans le rêve, elle, son mari et son père et cela comme si elle n’avait pas si son mari était son père ; ni qui était à proprement parler son père et d’autres choses du même genre.  La mise en rapport de ce rêve avec les idées qui lui vinrent pendant la séance révéla comme indubitable qu’il s’agissait de l’histoire relativement quotidienne d’une domestique qui devait reconnaître qu’elle attendait un enfant et avait maintenant des doutes «  sur qui était le vrai père de l’enfant ».  

C’est donc en prenant appui sur ces deux rêves que Freud énonce cette règle ; « La forme du rêve ou de l’activité onirique est employée avec une fréquence tout à fait surprenante pour figurer le contenu caché ».  Ne peut-on pas dire que pour le premier rêve, celui de Freud, son caractère net emporte la certitude, la force de conviction, dans le second, la confusion, le flou manifeste le doute, l’incertain?   C’est lié à la question du père toujours incertain.   

 

  

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