le rapport de l’animal totem avec la divinité

Nous avons à  terminer le texte de Freud sur l’Homme aux loups avant d’entamer celui de Ruth Mack Brunswick. Nous en étions aux dernières pages de la conclusion. Exactement à la page 261 où Freud explicite avec l’aide de « Totem et tabou », le passage de la phobie du loup à la névrose obsessionnelle.

Je reprends ce passage parce que c’est un point d’articulation essentiel à savoir « le rapport de l’animal totem à la divinité ». Dans son ouvrage, écrit-il, « j’y soutenais l’idée que la représentation de Dieu n’est pas une continuation du totem, mais procède indépendamment de lui, de la racine commune aux deux, pour prendre sa relève. Le totem, disais-je, est le premier substitut du père, le dieu un substitut ultérieur, dans lequel le père recouvre sa figure humaine. C’est ce que nous trouvons aussi chez notre patient. Il parcourt dans la phobie du loup le stade du substitut totémique du père, qui s’interrompt ensuite et se trouve remplacé, à la suite de modifications entre lui et le père, par une phase de piété religieuse. »

 

Ce qui m’avait frappé, lors de nos derniers « échanges », c’est le fait que Freud fait dans les paragraphes qui suivent une véritable apologie de la religion, comme si elle accomplissait en somme, pour ce sujet, une véritable œuvre civilisatrice : « Si nous faisons abstraction de ces phénomènes pathologiques (sans doute sa piété religieuse exacerbée avec ces rites du soir qui l’obligeaient à baiser toutes les icônes de sa chambre), nous pouvons dire que la religion a réalisé dans ce cas tout ce pourquoi elle est mise en œuvre dans l’éducation de l’individu. Elle a maîtrisé ses aspirations sexuelles, en leur offrant une sublimation et un ancrage ferme, elle a dévalorisé ses relations familiales et prévenu ainsi un isolement menaçant, en lui ouvrant l’accession à la grande communauté des hommes. L’enfant sauvage et anxieux devint social, moralisé, éducable. »

 

On croit rêver !

Je trouve ce passage absolument sidérant. Freud ne nous avait pas habitué à une telle mansuétude par rapport aux bienfaits de la religion.  Nous sommes à cent lieux de ce qu’il décrira ensuite dans « L’avenir d’une illusion ».

Il se trouve que ces jours-ci je relisais à propos du point de capiton dans le séminaire des psychoses, le commentaire que fait Lacan de la tragédie d’Athalie où il introduit le signifiant « crainte de Dieu ». Dans ce contexte j’ai eu bien sûr envie de retourner aux sources bibliques de cette tragédie, pour y retrouver les traces de ces deux femmes, la mère et la fille, Jézabel et Athalie ». Il vaut la peine d’y retourner, c’est fou ce qu’ils s’étripent tous à qui mieux, mieux, il y a des morts par centaines, on ne sait pas toujours bien pourquoi,  mais c’est toujours  selon la parole de l’Eternel. C’est lui qui en décide.

Je vous en ai mis un petit échantillon. Mais au fond est-ce que ça ne vous rappelle rien. Est-ce que le signifiant «  crainte de Dieu » même de nos jours ne garde pas toute son efficacité !

C’est dans le livre des Rois.

 

  1. Et le chef de la maison, le chef de la ville, les anciens, et les gouverneurs des enfants, envoyèrent dire à Jéhu : Nous sommes tes serviteurs, et nous ferons tout ce que tu nous diras ; nous n’établirons personne roi, fais ce qui te semble bon.
  2. Jéhu leur écrivit une seconde lettre où il était dit : Si vous êtes à moi et si vous obéissez à ma voix, prenez les têtes de ces hommes, fils de votre maître, et venez auprès de moi demain à cette heure, à Jizreel. Or les soixante-dix fils du roi étaient chez les grands de la ville, qui les élevaient.
  3. Quand la lettre leur fut parvenue, ils prirent les fils du roi, et ils égorgèrent ces soixante-dix hommes ; puis ils mirent leurs têtes dans des corbeilles, et les envoyèrent à Jéhu, à Jizreel.
  4. Le messager vint l’en informer, en disant : Ils ont apporté les têtes des fils du roi. Et il dit : Mettez-les en deux tas à l’entrée de la porte, jusqu’au matin.
  5. Le matin, il sortit ; et se présentant à tout le peuple, il dit : Vous êtes justes ! voici, moi, j’ai conspiré contre mon maître et je l’ai tué ; mais qui a frappé tous ceux-ci ?
  6. Sachez donc qu’il ne tombera rien à terre de la parole de l’Éternel, de la parole que l’Éternel a prononcée contre la maison d’Achab ; l’Éternel accomplit ce qu’il a déclaré par son serviteur Élie.
  7. Et Jéhu frappa tous ceux qui restaient de la maison d’Achab à Jizreel, tous ses grands, ses familiers et ses ministres, sans en laisser échapper un seul.
  8. Puis il se leva, et partit pour aller à Samarie. Arrivé à une maison de réunion des bergers, sur le chemin,
  9. Jéhu trouva les frères d’Achazia, roi de Juda, et il dit : Qui êtes-vous ? Ils répondirent : Nous sommes les frères d’Achazia, et nous descendons pour saluer les fils du roi et les fils de la reine.
  10. Jéhu dit : Saisissez-les vivants. Et ils les saisirent vivants, et les égorgèrent au nombre de quarante-deux, à la citerne de la maison de réunion ; Jéhu n’en laissa échapper aucun. »

 

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