Rêve de celle qui ne souhaitait pas passer des vacances avec sa belle-mère

j’ai commencé à travailler ce nouveau rêve.  Il a un intérêt supplémentaire,  outre son interprétation,  c’est celui de montrer ce qu’était la technique analytique de Freud, en ce temps de l’interprétation des rêves.  Il semble bien qu’il faisait,  en fonction du matériau analytique livré par l’analysant, des hypothèses sur les événements survenus dans  l’enfance du sujet qui avaient dû provoquer la névrose et surtout qu’il ne les gardait pas pour lui et lui en faisait part. Je pense que cette démarche devait correspondre à ce qu’il décrivait dans son article « Constructions en analyse ».

Donc, tout comme le rêve de la belle bouchère, celui de cette femme qui rêve de passer ses vacances avec sa belle-mère est un rêve qui répond lui aussi au désir que Freud ait tort mais qui a  un autre objet que celui du rêve, puisqu’il concerne ce qu’il pense avoir découvert des événements de son enfance.

« je lui avais exposé un jour en long et en large le fait que le rêve était la satisfaction d’un désir. Le lendemain elle m’apportait un rêve dans lequel elle était en route avec sa belle-mère pour la maison de campagne qu’elles avaient en commun. Or je savais qu’elle s’était insurgée avec vigueur contre l’idée de passer l’été en compagnie de sa belle-mère, et je savais aussi qu’elle avait pu par bonheur, pendant les derniers jours, échapper à cette cohabitation redoutée en louant une maison de campagne très éloignée de l’endroit où séjournerait sa belle-mère. Et voilà que le rêve rendait maintenant caduque la solution souhaitée. N’était-ce pas là la démenti le plus radical opposé à ma théorie de satisfaction d’un désir par le rêve ? Bien sûr il suffisait de tirer la conséquence de ce rêve pour avoir son interprétation. D’après ce rêve j’avais tort. C’était donc son désir que je sois censé avoir tort et ce désir, le rêve le lui montrait satisfait. Mais le désir que j’aie tort[…] faisait référence en réalité à un objet différent et moins superficiel.

Vers la même époque j’avais déduit du matériau que résultait de son analyse que pendant une certaine période de sa vie il avait dû nécessairement se passer quelque chose d’important pour le déclenchement de sa maladie. Elle avait contesté la chose, arguant qu’elle ne se trouvait pas dans son souvenir. Nous ne tardâmes pas à vérifier que j’avais raison. Son désir que j’ai tort métamorphosé en ce rêve où elle était en route vers la campagne avec sa belle-mère, correspondait donc au désir justifié que ces choses alors seulement supposées ne se fussent jamais produites »

Freud ne nous dit rien de ces choses qui se sont produites. J’ai pensé, à une première lecture, qu’il s’agissait peut-être d’une période de masturbation infantile qui avait ensuite été refoulée ou encore à la naissance d’un petit frère ou d’une petite sœur, mais le fait que pour Freud il s’agisse d’un « désir justifié » laisse penser qu’il s’agit d’une toute autre expérience, plus traumatique, peut-être celle d’une séduction par un adulte ou encore d’une trahison de la mère.

Quoique il en soit, dans l’interprétation de ce rêve il y a pour ainsi dire trois niveaux de désir

-Un désir insatisfait, celui de passer des vacances loin de sa belle-mère

-Le désir que Freud ait tort quant à ce qu’il en est de sa définition du rêve comme étant la satisfaction d’un désir

-le désir que ces choses découvertes par Freud, à une certaine période de sa vie, n’aient pas eu lieu.

A propos de ce rêve, deux formules peuvent être retenues :

  • Le « schéma qui veut que le non-accomplissement d’un désir signifie la satisfaction d’un autre »

  • Les métamorphoses du désir ( « le désir métamorphosé en rêve »  qu’évoque Freud). C’est une autre façon de parler de la déformation ou de la défiguration du rêve mais en repartant du désir qui en est le point d’origine, sa cause. C’est en somme un effet d’après-coup de l’interprétation.

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