Freud

Relire les cinq psychanalyses

Lacan va donc expliciter,  dans ce texte consacré à l’Homme aux rats, le mythe individuel du névrosé, en quoi l’Œdipe est le mythe au cœur de l’expérience analytique mais un mythe qu’il faut en quelque sorte compléter, complexifier, et même réactualiser.  Mais il commence par se lancer dans une sorte de justification de ce choix. : pourquoi faudrait–il revenir sur l’étude de ces cinq psychanalyses ? Les critiques ne manquent pas à ce propos et même encore de nos jours

Ces plaisirs de la bouche

Ce festin de Babette et ce festin de Juliette sont des rejetons de ce primitif désir, celui d’être une mère aimante et qui nourrit bien ses petits, ses petits et tous ses amants et amis, une manifestation sublimée de cette « satisfaction psychique privilégiée », l’un de ces bonheurs précieux que nous offre la vie.

Notre secrète inhumanité

Le vernis de la civilisation est extrêmement fragile, il se craquelle et se fissure dans le moindre de nos gestes et de nos propos. Sous les plus belles réalisations humaines, dans les domaines de l’art, de la littérature ou de la politique, réapparaît sans cesse, sous une forme plus ou moins masquée, notre inhumanité à savoir notre désir de destruction envers ceux qui nous entourent.

Cette inhumanité n’est plus du tout masquée dans les conflits armés qui surgissent entre pays voisins et qui perdurent souvent des années, même si nous  arrivons à les oublier, en nous habituant à leur existence, oubliant du même coup, tous les morts, blessés et familles endeuillées qui accompagnent ces guerres.

Dans mon enfance, on évoquait souvent l’histoire de la paille et de la poutre, parabole du Christ devenue dicton. « Pourquoi, disait-il,  regardes-tu, sans cesse, la paille qui est dans l’œil de ton voisin alors que tu ne vois même pas  la poutre qui est dans ton œil ? »

« la belle gorge » de la poésie et le corset de la structure

Je voulais écrire quelque chose sur la poésie de Mallarmé, et en lisant quelques uns de ses textes, j’ai trouvé ce passage amusant : C’est un petit paragraphe à propos d’une question qu’on pose à Mallarmé : « Connaissez-vous les psychologues ? – Un peu. Il me semble qu’après les grandes oeuvres de Flaubert, des Goncourt et de Zola, qui sont des sortes de poèmes, on est revenu aujourd’hui au vieux goût français du siècle dernier, beaucoup plus humble et modeste qui consiste non à prendre à la peinture ses moyens pour montrer la forme extérieure des choses, mais à disséquer les motifs de l’âme humaine. Mais il y a entre cela et la poésie, la même différence qu’il y a entre un corset et une belle gorge… » L’évocation de la métapsychologie, de  la « fée métapsychologie », comme corset semble un peu rude et dépourvue en effet de poésie, par…

« Avant-propos » de la première des cinq psychanalyses

Je vois surtout dans cet avant-propos, celui qui introduit la première des cinq psychanalyses,  une argumentation nourrie rédigée à l’avance à l’usage de ces futurs détracteurs. Ce qui le laisse penser c’est le peu de succès qu’a eu son livre de l’Interprétation des rêves et le scandale qu’a provoqué quelques années après, ses trois essais sur la théorie de la sexualité.
Il prend en quelque sorte les devants.
Je passe sur l’exposition de ses scrupules ainsi que sur la difficulté d’exposer un cas et ceci sans prendre de notes, pour arriver directement page 3 à cette question de l’interprétation des rêves.
Freud comptait appeler ce texte : « Rêve et hystérie » pour montrer comment  » l’interprétation des rêves s’entrelace à l’histoire du traitement « . Et il faut remarquer ce terme  » histoire du traitement  » il ne s’agit plus de l’histoire de Dora telle qu’elle l’a racontée au départ, mais de ce qui s’est passé dans l’analyse, cela devient l’histoire de Freud et de Dora, peut-on se risquer à dire que c’est l’histoire des démêlés de Freud avec Dora.

Par ailleurs, avez-vous remarqué combien dans ce texte Freud parle souvent de « technique ».
C’est ce terme qui m’a sauté aux yeux en relisant Dora.
Je trouve que ça vaudrait la peine de s’interroger, à partir de ce texte de Freud sur les rapports qui existent et qui ne sont pas souvent abordé entre
certes la clinique et la théorie analytique mais aussi avec la technique, qui est à proprement parler ce qu’on pourrait appeler le métier du psychanalyste, son tour de main, puis plus mystérieux, celui de l’éthique de la psychanalyse.

Exercice de style autour du Réel, symbolique et imaginaire noués par le symptôme

Lacan a introduit très tôt dans son enseignement ces trois catégories du Symbolique, de l’Imaginaire et du Réel comme étant trois catégories qui permettent de structurer ce qu’il en est de l’expérience analytique, de pouvoir s’y repérer de façon rigoureuse et surtout d’assurer ce qui est la fonction décisive du psychanalyste, l’interprétation.

Ce R.S.I en raccourci, est une gageure que nous avait proposée une participante à une liste de discussion consacrée à la psychanalyse : Peut-on dire, juste en quelques mots ce que sont ces trois catégories du Réel, du Symbolique et de l’imaginaire et comment ils sont noués par le symptôme ?

J’ai essayé de le démontrer à l’aide de trois exemples, trois traits d’esprit, ceux que Lacan a empruntés à Freud, et qu’il commente dans le séminaire des Formations de l’inconscient.

Le rêve du miroir incendiaire d’Archimède

Ce rêve, tout comme le rêve de « Rabbi Savonarole », est lui aussi mis tout d’abord en relation avec la périodicité de Fliess, celle des périodes de 28 et de 23 jours qui sont mises en lien respectivement avec la féminité ou la virilité. Cette périodicité Freud la réfute cependant à chaque fois, pour évoquer un événement de la veille qui a provoqué son rêve, en l’occurrence, cette fois-ci, le fait qu’il avait appris une mauvaise nouvelle, la suppression du lieu où il pouvait jusqu’alors donner ses conférences. Cela lui avait sans doute fait penser, écrit-il, à ses débuts de jeune médecin où on lui avait  refusé toute aide d’où son appel à Archimède et à ses « miroirs incendiaires ». Lui saurait au moins lui trouver un lieu où parler de psychanalyse.

Le célèbre rêve de la belle bouchère

Le moment est venu de travailler le rêve de la belle bouchère. A vrai dire, comme je l’ai déjà beaucoup travaillé au fil de toutes ces années, j’avais peur d’en être un peu lassée à l’avance, mais avec Freud, les lectures sont toujours nouvelles, j’avais grand tort de le penser. Je l’ai lu et retravaillé avec un très grand plaisir

Ce rêve dit de la Belle Bouchère, figure avec quelques autres, dont le rêve de l’oncle Joseph, dans le chapitre IV de l’Interprétation du rêve, ayant pour titre, « La défiguration du rêve ».

Le rêve dit des services d’amour

Ce rêve ne figure qu’en note de l’interprétation du rêve1. Il a été rapporté par le docteur Hermine von Hug-Hellmuth et il est cité par Freud pour décrire ce qu’est la fonction de la censure dans la déformation du rêve. Il n’a pas été interprété mais il est malgré tout assez transparent.

Celle qui rêve est une femme de cinquante ans, veuve depuis douze ans d’un colonel de l’armée et dont l’un de ses fils est lui aussi dans l’armée.

Freud écrit « Pour effacer les passages qui lui paraissent choquants la défiguration onirique travaille dans cet exemple avec les mêmes moyens que la censure épistolaire. Celle-ci rend ce genre de passages illisibles en les recouvrant d’un large trait d’encre, la censure onirique les remplace par un marmonnement incompréhensible »

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