
Je trouve que les analystes font beaucoup plus souvent état du désir de mort à l’égard du père que de celui à l’égard de la mère. En principe, selon la loi de l’œdipe, le désir de mort de la mère est attribué plutôt aux petites filles, en fonction de leur attirance pour le père qui leur fait considérer leur mère comme une rivale. Mais la mère est aussi celle qui interdit, qui porte atteinte à leur soif de liberté.
Donc dans ce chapitre « Rêves de mort à l’égard de personnes chères », après avoir décrit le rêve de la petite faiseuses d’ange, rêve où elle transforme tous les enfants de sa famille en petits anges tous partis au ciel, tous morts, Freud décrit un autre rêve mais cette fois-ci de mort de la mère.
On peut l’appeler rêve d’une petite fille surnommée « Œil de lynx ». En fait c’est une petite fille devenue adulte et en analyse avec Freud.
Il écrit « Un jour je trouve une dame très affligée et en pleurs. Elle me dit : je ne veux plus voir les gens de ma famille, ils ne peuvent être qu’épouvantés par moi. »
Voici le texte du rêve « Un lynx ou un renard ( Luchs oder Fucks) se promène sur le toit, puis quelque chose tombe ou c’est elle qui tombe, et alors on ramène sa mère, morte, à la maison et alors elle se met à pleurer des larmes de douleur. »

Le rêve de Freud surpris dans l’escalier en tenue négligée par une servante introduit donc ce chapitre des rêves typiques avec un sous-groupe intitulé « le rêve de gêne pour cause de nudité ». Il en poursuit l’analyse dans ce chapitre. p. 282. Avant d’interpréter son rêve, Freud rapproche donc ces rêves de nudité avec gêne du conte d’Andersen « Les habits neufs de l’empereur ». Pour ma part j’ai eu un peu de mal à suivre sa démonstration avant de repérer que ce conte est lui aussi déformé comme l’est toujours le rêve . Ce qui fait un peu drôle c’est en effet que s’il pose que l’empereur est le rêveur, ce sont ceux qui regardent qui sont gênés et non pas l’empereur lui-même. C’est amusant de faire du rêve, l’escroc qui cherche à les tromper.
Freud analyse ce rêve avec beaucoup d’humour. Il souffre depuis plusieurs jours de furoncles. Un de ces furoncles de la grosseur d’une pomme se situe à la base du scrotum. Il a tenté de calmer les douleurs en y mettant un gros cataplasme. Ces ingrédients d’origine somatique se retrouvent dans son rêve mais n’en sont pas la cause. C’est ce que Freud tente de démontrer. Il se trouve en effet dans le paragraphe « Sources somatiques du rêve » et dans le grand chapitre « Matériau et sources du rêve ».
Je désespère de pouvoir faire un compte-rendu un peu cohérent de ce très long rêve, le rêve du comte de Thun, ce sera à chacun d’aller le relire en gardant quand même à l’esprit ce jeu de mot sur le nom propre du comte de Thun que souligne Freud : Pour se moquer de lui, on l’appelait « le comte Rien-Faire », le comte Nichthun, or le verbe « Tun », « faire » introduit ainsi à la trame même du rêve, il s’agit en effet du « faire » lié à l’apprentissage de la propreté et à la demande de la mère. Comme l’écrivait Freud dans l’une de ses lettres à Fliess, tu n’as pas idée de tout ce qui pour moi, tel un nouveau Midas, se transforme en merde. Dans le cas de ce rêve, c’est aussi en flots d’urine. (p. 184 de « L’interprétation des rêves » PUF et p. 248 de la traduction Lefebvre)


