psychanalyse et littérature

Lectures à propos de l’écriture de Joyce

Je me suis mise à lire un peu  tout ce qui s’est écrit à propos de Joyce et, sans compter l’indispensable biographie de Joyce en deux volumes rédigée par Ellmann,  j’ai trouvé trois livres que j’ai trouvé intéressants par rapport à l’approche qu’en a faite Lacan.

Un livre d’Eugène Jolas, qui a aidé Joyce, et quand je dis aidé,  c’est pour de bon, effectivement, dans sa rédaction de Finnegans Wake. Un autre de Frank Budgen qui, lui,  l’a aidé à mettre en forme Ulysse. Enfin le troisième c’est celui d’un de ses confrères, Vladimir Nabokov,  l’auteur de Lolita. L’ouvrage de Nabokov a pour nom «  Proust, Kafka, Joyce ». Il fait de cet Ulysse de Joyce, presque un roman policier dont l’intrigue porte sur un personnage énigmatique l’Homme au mackintosch.
Le livre de Frank Budgen s’appelle « James Joyce et la création d’Ulysse ». Celui d’Eugène Jolas, « Sur Joyce ».

Rêves de nudité avec sentiment de gêne (rêves typiques)

Le rêve de Freud surpris dans l’escalier en tenue négligée par une servante introduit donc ce chapitre des rêves typiques avec un sous-groupe intitulé « le rêve de gêne pour cause de nudité ». Il en poursuit l’analyse dans ce chapitre. p. 282.  Avant d’interpréter son rêve, Freud rapproche donc ces rêves de nudité avec gêne du conte d’Andersen «  Les habits neufs de l’empereur ». Pour ma part j’ai eu un peu de mal à suivre sa démonstration avant de repérer que ce conte est lui aussi déformé comme l’est toujours le rêve . Ce qui fait un peu drôle c’est en effet que s’il pose que l’empereur est le rêveur, ce sont ceux qui regardent qui sont gênés et non pas l’empereur lui-même. C’est amusant de faire du rêve, l’escroc qui cherche à les tromper.

Il compare aussi ces rêves de nudité avec l’aventure d’Ulysse et de Nausicaa. Mais là c’est en somme un retour à l’enfance dans une période de détresse où on se retrouve tout seul sur une terre inconnue. Il se retrouve tout nu et en haillons (et donc sale) devant la belle Nausicaa qui lui apporte secours.

 » L’écrit c’est le retour du refoulé »

Lacan commence cette séance 15 décembre 1971 du séminaire … Ou pire, en parlant de l’écriture. Le prétexte en est qu’on vient de lui offrir un stylo. C’est une occasion pour lui d’établir me semble-t-il plusieurs sortes d’usages de l’écrit.

Il écrit tout d’abord quand il prend des notes en vue de son séminaire, quand il écrit pour trouver quelque chose et enfin quand il écrit pour l’édition. Mais il y a encore une autre opposition l’usage qui est fait de la lettre dans la logique.

Ces plaisirs de la bouche

Ce festin de Babette et ce festin de Juliette sont des rejetons de ce primitif désir, celui d’être une mère aimante et qui nourrit bien ses petits, ses petits et tous ses amants et amis, une manifestation sublimée de cette « satisfaction psychique privilégiée », l’un de ces bonheurs précieux que nous offre la vie.

« la belle gorge » de la poésie et le corset de la structure

Je voulais écrire quelque chose sur la poésie de Mallarmé, et en lisant quelques uns de ses textes, j’ai trouvé ce passage amusant : C’est un petit paragraphe à propos d’une question qu’on pose à Mallarmé : « Connaissez-vous les psychologues ? – Un peu. Il me semble qu’après les grandes oeuvres de Flaubert, des Goncourt et de Zola, qui sont des sortes de poèmes, on est revenu aujourd’hui au vieux goût français du siècle dernier, beaucoup plus humble et modeste qui consiste non à prendre à la peinture ses moyens pour montrer la forme extérieure des choses, mais à disséquer les motifs de l’âme humaine. Mais il y a entre cela et la poésie, la même différence qu’il y a entre un corset et une belle gorge… » L’évocation de la métapsychologie, de  la « fée métapsychologie », comme corset semble un peu rude et dépourvue en effet de poésie, par…

Comment Joyce visait le symptôme en tant que tel

kleeEn plus des deux versions existantes de Joyce le symptôme, il existe un troisième texte qui a pour titre : « De James Joyce comme symptôme ». C’est le texte d’une conférence qui a eu lieu à Nice en janvier 1976.

 Lacan dans ce texte commence par rappeler ce qui est son mode de lecture de Freud :

« C’est dans lalangue, avec toutes les équivoques qui résultent de tout ce que lalangue supporte de rimes et d’allitérations, que s’enracine toute une série de phénomènes que Freud a catalogués et qui vont du rêve, du rêve dont c’est le sens qui doit être interprété, du rêve à toutes sortes d’autres énoncés qui, en général, se présentent comme équivoques, à savoir ce qu’on appelle les ratés de la vie quotidienne, les lapsus, c’est toujours d’une façon linguistique que ces phénomènes s’interprètent, et ceci montre… montre aux yeux de Freud que un certain noyau, un certain noyau d’impressions langagières est au fond de tout ce qui se pratique humainement, qu’il n’y a pas d’exemple que dans ces trois phénomènes – le rêve, le lapsus (autrement dit la pathologie de la vie quotidienne, ce qu’on rate), et la troisième catégorie, l’équivoque du mot d’esprit –, il n’y a pas d’exemple que ceci comme tel ne puisse être interprété en fonction […] d’un premier jeu qui est… dont ce n’est pas pour rien qu’on peut dire que la langue maternelle, à savoir le soin que la mère a pris d’apprendre à son enfant à parler, ne joue un rôle ; un rôle décisif un rôle toujours définitif ; et que, ce dont il s’agit, c’est de s’apercevoir que ces trois fonctions que je viens d’énumérer, rêve, pathologie de la vie quotidienne : c’est-à-dire simplement de ce qui se fait, de ce qui est en usage, la meilleure façon de réussir, c’est, comme l’indique Freud, c’est de rater. Il n’y a pas de lapsus, qu’il soit de la langue ou de la plume, il n’y a pas d’acte manqué qui n’ait en lui sa récompense. C’est la seule façon de réussir, c’est de rater quelque chose. Ceci grâce à l’existence de l’inconscient.

Ces troubadours de l’inconscient

Ces troubadours de l’inconscient que sont les poètes que les psychanalystes

amour Lacan a très souvent évoqué ces liens si ambigus de la littérature et de la psychanalyse et s’est référé plus d’une fois, au cours de ses séminaires,  aux grands auteurs. Je pense à André Gide, à Jean  Genet, ou à Paul Claudel,  à James Joyce, bien sûr, aux poètes de l’amour courtois, notamment à Marguerite de Navarre, mais aussi à William Shakespeare , à Goethe, à Racine, avec son fameux vers « Oui, je viens de ce pas, adorer l’Éternel », au moyen duquel il a évoqué le point de capiton soit la façon dont le signifiant réussit de temps en temps à embrocher le signifié .

Freud et Lacan lisent Hamlet

laurence6-44391 Dans le séminaire « Le désir et son interprétation », Lacan commence par évoquer des rêves de mort du père puis il reprend ensuite très longuement le grand rêve du patient d’Ella Sharpe, le rêve dit du chaperon. Ce n’est qu’en troisième partie de ce séminaire qui entreprendra une lecture ligne à ligne de la tragédie d’Hamlet. Certes on peut justifier cet enchaînement du séminaire par son point de départ qui est celui du désir de la mort du père, désir qui est commun aussi bien au patient d’Ella Sharpe qu’à cet être de fiction, ce personnage d’Hamlet, mais cela ne saurait suffire par rapport au titre de ce séminaire qui pose la question du désir et de son interprétation et donc l’accès ou non à l’objet féminin. Or comme le plus souvent c’est par un retour au texte de Freud, que nous pouvons donner un bel éclairage du fil conducteur qui anime ce séminaire de Lacan. Il nous permet de l’interpréter.

Voici mon nouveau livre

Ce jour, sortie en librairie de mon nouveau livre : La fonction du père et ses suppléances » avec comme sous titre « Sous la plume des poètes ». Quelques approches littéraires des défaillances de la fonction du père et de ses suppléances en fonction des trois structures, Névrose, Psychose et Perversion, sous la plume de quelques poètes dont RilKe, Zola, Kafka, Mallarmé, Flaubert et Tournier et bien sûr Joyce.  Gérard Haddad lui a écrit une belle préface, je l’en remercie vivement.

Eloge de la croupe

 

Effets de la scène originaire sur le choix d’objet amoureux de Sergei

En haut de la page 199, Freud énonce qu’il va étudier les relations de la scène originaire au rêve, aux symptômes et à l’histoire de la vie du patient. Dans son histoire interviennent bien sûr ses choix amoureux. Il aborde ce point au milieu de la page 200 et en haut de la page 201.

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