Lacan

La vieille dame qui, dans son rêve, n’arrêtait pas de tomber

Cette vieille dame est la même qui, dans la page précédente, était toujours pressée. D’ailleurs dans ce premier rêve elle est bousculée et tombe.  Freud nous présente ce second rêve pour mettre en évidence le fait que le contenu manifeste de ce rêve est en lien non pas avec un seul souvenir d’enfance, mais avec plusieurs. Ils sont tous des souvenirs de chute.

« Elle sort faire des commissions en tout hâte. Après quoi, sur le Graben, elle tombe à genou, comme effondrée. Une foule de gens se rassemble autour d’elle, notamment des cochers de fiacres ; mais personne ne l’aide à se relever. Elle fait, en vain, de nombreuses tentatives ; finalement il faut bien que ça ait réussi, car on l’assied dans un fiacre sensé la ramener chez elle : par la fenêtre on lui lance encore un grand panier lourdement rempli (qui ressemble à un panier de courses). » (p. 242 L’Interprétation du rêve, traduction J.P Lefèbvre)

 » L’écrit c’est le retour du refoulé »

Lacan commence cette séance 15 décembre 1971 du séminaire … Ou pire, en parlant de l’écriture. Le prétexte en est qu’on vient de lui offrir un stylo. C’est une occasion pour lui d’établir me semble-t-il plusieurs sortes d’usages de l’écrit.

Il écrit tout d’abord quand il prend des notes en vue de son séminaire, quand il écrit pour trouver quelque chose et enfin quand il écrit pour l’édition. Mais il y a encore une autre opposition l’usage qui est fait de la lettre dans la logique.

A fleur d’inconscient (une série de podcasts)

Bienvenue sur ce site de podcasts «Une psychanalyse à fleur d’inconscient » Je m’appelle Liliane Fainsilber. J’ai exercé pendant près de vingt ans la médecine générale à Mantes la jolie, une petite ville de la vallée de la Seine qui était en ces années 70 très prospère. Après avoir fait une psychanalyse avec Jacques Lacan, je suis devenue psychanalyste. Je suis maintenant une vieille dame mais, comme je m’intéresse toujours à cette si surprenante invention de Freud, une de mes petites filles m’a suggéré, il y a quelques mois, d’enregistrer des podcasts pour y parler de psychanalyse, une psychanalyse que je souhaite légère et même gaie. Aussitôt dit aussitôt fait, autant profiter des occasions que nous offre le dit progrès. Je me lance donc dans cette entreprise. J’espère que vous la partagerez avec moi. Je partirai de cette question qui est importante à savoir que la psychanalyse ne peut pas seulement…

Freud et Dora, un homme et une femme

Au moment où Lacan aborde sa lecture du texte de Dora, dans son texte  » Intervention sur le transfert  » (p. 217), il l’annonce ainsi :  » La psychanalyse est une expérience dialectique  » et plus loin   » Je fonderai ma démonstration sur le cas de Dora  » Qu’est-ce que Lacan souhaite démontrer ? Il le décrit en une même phrase :
– » Repenser l’œuvre de Freud  »
–  » retrouver le sens authentique de son initiative  »
–  » et le moyen de maintenir sa valeur de salut  »

Les deux premiers objectifs ne font pas difficulté, il n’en va pas autant du troisième :  » La valeur de salut « . A quoi tout d’abord attribue-t-il cette valeur ? Sans doute ce retour à l’œuvre de Freud est-il salutaire à la psychanalyse, par rapport à la mise en danger que constitue pour elle le retour dans le giron de la psychologie, mais aussi peut-être peut-on évoquer également le salut que procure l’analyse elle-même, à condition de préciser les sens que l’on peut donner à ce mot.
En effet le choix de ce terme  » salut  » étant imprégné d’une connotation religieuse, j’ai éprouvé le besoin de lui donner une portée plus large.
Le salut est un signifiant qui a retenu mon attention parce qu’il mobilise aussitôt ces fantasmes de sauvetage qui apparaissent notamment dans le premier rêve de Dora, le désir d’être sauvé pas son père d’un danger, du danger que courrait sa vertu, avec Monsieur K.

Quand Lacan parlait des femmes psychanalystes

En tant qu’une des anciennes analysantes de Lacan je me suis toujours intéressée à ce qu’il disait des femmes et notamment des femmes analystes. Certes, en première lecture, ces apartés sur elles peuvent paraître élogieux, voire très élogieux mais ils méritent une seconde lecture qui leur donne un autre éclairage, en tout cas plus nuancé.

.Au tout début de son enseignement, au cours d’une journée consacrée à l’enfance aliénée qui avait été organisée par Maud Manonni il avait affirmé ceci : « Que veut la femme ? est, on le sait, l’ignorance où reste Freud jusqu’au terme, dans la chose qu’il a mise au monde. Ce que femme veut, aussi bien d’être encore au centre aveugle du discours analytique, emporte dans sa conséquence que la femme soit psychanalyste-née (comme on s’en aperçoit à ce que régentent l’analyse les moins analysées des femmes). « 

Le petit Hans sauvé de la psychose par sa phobie


La première occurrence qui concerne l’analyse du Petit Hans par Lacan se trouve dans la séance du 27 février de la relation d’objet. Il y évoque le fantasme des deux girafes. La seconde occurrence se trouve dans la séance du 6 mars 1957. C’est une séance formidable. Il y a beaucoup de pistes à suivre.  Il y avait plusieurs possibilités de lecture qui s’offraient à nous. La première, la plus simple, était celle de suivre tout d’abord ce que Lacan nous dit de son histoire.

La seconde approche consistait à intégrer dans cette séance du séminaire ce commentaire du Petit Hans en fonction du schéma qu’il a mis en exercice cette année là, celui de la frustration, privation, castration. Ces plusieurs pistes pouvaient être suivies. C’est ce que j’ai tenté de faire dans la partie 6 de ce commentaire de la séance.

Un dilettantisme sérieux

Dans l’un de ses textes, « Contribution à l’histoire du mouvement analytique », Freud rend compte des champs voisins conquis par la psychanalyse, de son extension à l’étude des religions, des mythologies, de la littérature et bien sûr extension aux modes d’organisations sociales, avec « Totem et tabou » et «Malaise dans la civilisation ».

Il semble que Lacan, à l’inverse de Freud, irait  plutôt chercher dans d’autres champs, des moyens pour explorer et rendre compte du champ de la psychanalyse lui-même. Le passage se ferait donc plutôt, de Freud à Lacan, de l’extérieur vers l’intérieur. Par exemple quand Lacan étudie la question du nom propre, il prend appui sur la linguistique, la logique, la topologie, et sur l’ethnographie, mais ramène tout ce qu’il en tire dans le champ même de la psychanalyse.

Les annonces d’un grand destin

Suite de l’interprétation du rêve de l’oncle Joseph

Freud présente le rêve de l’oncle Josef, celui à la barbe jaune, une première fois, dans le chapitre «  la défiguration dans le rêve ». Il se trouve p. 177 de la version J.P. Lefebvre. En effet il met l’accent sur le fait qu’il éprouve beaucoup de tendresse pour cet oncle Josef,  ce qui dans la réalité est loin d’être le cas. Quand il le reprend dans ce chapitre « L’infantile dans le rêve », p. 231, c’est pour mettre ce rêve en relation avec un nouveau souvenir-écran qu’il nous confie, celui de la vieille paysanne qui lui avait promis un fabuleux destin. Pourtant rien dans le texte de ce rêve nous permet de deviner ce que sera le secret dernier de ce rêve :

«  I – L’ami R est mon oncle. J’ai une grande tendresse pour lui.

II- Je vois devant moi son visage légèrement modifié. Il est comme étiré en longueur, une barbe jaune l’encadre en faisant un contraste particulièrement net ».

Dans ce second chapitre, celui de l’infantile dans le rêve,  Freud reprenant ce rêve, se contente de donner à nouveau son interprétation, à savoir qu’il exprime son désir d’être nommé Professeur extraordinaire et dans ce but, son désir de dévaloriser ainsi ses deux confrères présentés comme étant indignes d’accéder à ce titre, aussi peu dignes de l’être que son oncle Joseph.

Une approche de la « traversée du fantasme fondamental » et de son au-delà, celui de la pulsion

Dans ces trois pages de l’interprétation du rêve( p.230 à 233) se trouvent donc trois souvenirs-écrans de Freud qui alimentent au sens propre et au sens figuré pour l’un d’eux, le contenu manifeste de ces rêves.

Nous avons donc le souvenir-écran de la confusion des deux mots, « reissen » et « reisen », puis de celui qui provoqué le rêve de la monographie botanique. Par rapport à la première analyse de ce rêve, on peut se demander ce que, dans ce passage, Freud apporte de nouveau, à part ce lien indéfectible qu’il établit entre le rêve et le souvenir-écran qui témoigne de son origine infantile, celui où son père leur avait confié un livre à déchirer feuilles à feuilles, comme on effeuille un artichaut. Il me semble que c’est peut-être la certitude qu’il a de sa réalité en prenant appui justement sur la longue chaîne métonymique qu’il cite «  Cyclamen-fleur préférée- plat préféré-artichaut-retirer les feuilles comme pour un artichaut, une à une – herbier – ver bibliophage dont les plats préférés sont des livres. »

Freud ne dit pas tout du secret dernier de ce rêve et de ce souvenir écran qui le contient mais il nous dit : «  … je puis assurer que le sens ultime du rêve, que je n’ai pas développé ici, est en très intime relation avec le contenu de la scène infantile ».

Quelques notes sur «  la signification du phallus »

Donc en tout cas, pour moi, ce qui s’est bien éclairci, c’est le fait qu’une femme hystérique ne s’est pas encore inscrite dans la fonction phallique comme une femme, mais elle en montre en quelque sorte le chemin, puisque ce que dit Lacan Dora cherche en madame K. le secret de sa propre féminité. Au reste dans une des séances d’un discours qui ne serait pas du semblant, une de celles justement il met en place les formules de la sexuation, Lacan indique que sur ce chemin de l’inscription d’une femme dans la fonction phallique, l’hystérique joue le rôle d’un « schéma fonctionnel, si vous savez ce que c’est, c’est la portée de ma formule du désir insatisfait » .

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