Dans » Fonction et champ de la parole et du langage « , l’un de ses premiers textes où il se risque à une approche linguistique de la psychanalyse, avec sa logique du signifiant, Lacan écrivait : » La loi primordiale est donc celle qui en réglant l’alliance superpose le règne de la culture au règne de la nature livré à la loi de l’accouplement. L’interdit de l’inceste n’en est que le pivot subjectif, dénudé par la tendance moderne à réduire à la mère et à la sœur les objets interdits aux choix du sujet, toute licence n’étant pas encore ouverte au-delà.
Cette loi se fait donc suffisamment connaître comme identique à un ordre de langage. Car nul pouvoir sans les nominations de la parenté n’est à portée de d’instituer l’ordre des préférences et des tabous qui nouent et tressent à travers les générations le fil des lignées. »
En relisant cette lumineuse citation de Lacan, en ce temps des premiers séminaires, je me demandais ce qui avait pu infléchir à ce point son style, au cours des années, quels transferts avaient ainsi modifié son mode d’adresse à ses auditeurs.